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L'agroforesterie, un outil "carbone" pour les PCET - Etude de cas sur deux territoires de PCET en Languedoc-Roussillon

Cardinael Rémi, Bachevillier Yves, Liagre Fabien, Béral Camille, Barthes Sylvie, Lafon Christophe, Ori Danièle, Labant Pierre, Vignaud Pierre. 2015. L'agroforesterie, un outil "carbone" pour les PCET - Etude de cas sur deux territoires de PCET en Languedoc-Roussillon. Angers : ADEME, 39 p. (Cahier Technique)

Document technique et de recherche
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Résumé : Dans le cadre des politiques publiques mises en place pour lutter contre le changement climatique et atteindre les objectifs fixés par la Communauté Européenne, la loi dite Grenelle 2 a rendu obligatoire avant le 31 décembre 2012, la réalisation d'un plan climat énergie territoire (PCET) pour les 440 plus importantes collectivités territoriales françaises. Ces plans encadrent une démarche de développement durable articulée autour de deux principaux objectifs : - L'atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES), - L'adaptation des territoires au changement climatique. Un PCET constitue donc l'ossature de l'engagement d'une collectivité face au changement climatique et met en synergie un ensemble d'actions et de mesures qui prennent en compte tous les secteurs de l'économie et les activités de la vie quotidienne. Parmi ces actions, la direction régionale Languedoc-Roussillon de l'ADEME a souhaité investiguer le potentiel que l'on pouvait attendre de la diffusion de l'agroforesterie, technique de production agricole où les arbres sont associés aux cultures et aux pâturages. Ce mode d'exploitation des terres agricoles, autrefois répandu dans toute l'Europe mais abandonné depuis pour cause de mécanisation, fait l'objet d'un regain d'intérêt dans une formule compatible avec l'agriculture moderne, c'est-à-dire mettant en oeuvre de faibles densités de peuplement d'arbres (30 à 50 sujets par hectare) complétées parfois par des haies de délimitation (60 à 100 mètres linéaires de haie par hectare). Différents mécanismes d'interactions aériennes (lumière, ombrage, vent, biodiversité…) et pédologiques (apports de matière organique, biodiversité, cinétiques de minéralisation…) conduisent à une symbiose entre arbre et culture propice, entre autres, au stockage de carbone dans la biomasse et dans le sol. L'arbre devient ainsi un outil de la production agricole. L'agroforesterie permet donc une limitation des émissions de gaz à effet de serre grâce à son potentiel de séquestration de carbone. Elle impacte également les bilans " carbone" par substitution de combustibles fossiles ou de matériaux de construction, dotés d'une plus forte empreinte environnementale. Enfin et dans un tout autre registre, on en attend des bénéfices du point de vue de l'adaptation très locale aux changements climatiques en cours. Le potentiel " carbone " de l'agroforesterie reste toutefois encore à affiner. Les références sont peu nombreuses et la multitude de facteurs qui entrent en jeu (essences des arbres, âge des peuplements, conditions pédoclimatiques, modalités d'entretien…) rendent peu aisée l'estimation des quantités de carbone stockées durablement dans les sols. En vue de rassembler des éléments d'information et de sensibilisation des acteurs des PCET sur les potentialités de l'agroforesterie, une convention d'étude a été passée avec la Chambre d'Agriculture du Languedoc-Roussillon qui a débouché sur la rédaction de trois publications complémentaires1 (http://www.languedoc-roussillon.ademe.fr/) : - L'agroforesterie : un outil " carbone " pour les PCET – Mettre en place une démarche d'agroforesterie sur le territoire d'un PCET, - L'agroforesterie : un outil d'aménagement du territoire – Application au Languedoc-Roussillon, - L'agroforesterie : un outil " carbone " pour les PCET – Etude de cas sur deux territoires de PCET en Languedoc-Roussillon. Ce dernier fascicule étudie le potentiel " carbone " de l'agroforesterie pour deux PCET du Languedoc-Roussillon. Les enseignements que l'on peut tirer de ces cas pratiques visent un public non spécialiste de la question agroforestière mais impliqué dans l'action publique en matière de lutte contre le changement climatique, voire d'aménagement du territoire, soit en tant qu'élu, soit comme chargé de mission animateur d'une démarche de plan climat énergie territoire. A la suite de la description de la méthodologie d'évaluation du potentiel " carbone " de l'agroforesterie, de l'échelle d'une région jusqu'à celle d'une parcelle, en passant par un territoire de PCET, quelques pistes de travail sont proposées afin d'activer le déploiement de cette pratique en local. Etant donné les faibles ratios unitaires de séquestration " carbone " attendus pour les différents systèmes agroforestiers les plus couramment rencontrés, au regard des objectifs arrêtés dans la plupart des PCET, voire des schémas régionaux du climat, de l'air et de l'énergie, une efficacité notable de l'agroforesterie suppose la mobilisation d'une part importante des superficies identifiées comme étant favorables. Ainsi, en croisant les caractéristiques des surfaces agricoles avec les conditions pédologiques propices à une agroforesterie à vocation " carbone ", on a pu estimer un potentiel théorique régional de séquestration compris entre 0,6 et 1,2 millions de tonnes de CO2 par an. Ce niveau serait tout à fait conséquent puisqu'il contribuerait de 40 à 90 % à l'objectif de réduction des émissions de GES fixé par le SRAEC Languedoc-Roussillon à échéance 2020. Cependant pour déterminer précisément le potentiel d'un territoire, il est nécessaire de conduire une analyse à la fois plus approfondie et moins théorique qui prend notamment en compte les paramètres socio-économiques caractéristiques de l'agriculture locale. A l'issue d'un tel exercice, la confrontation entre ce potentiel théorique et la réalité des territoires ne laisse entrevoir que des gains modestes compris entre 9 000 et 27 000 tCO2/an, soit de 0,6 à 1,9 % de l'objectif de réduction des émissions régionales. A l'échelle d'une exploitation particulière, on retiendra néanmoins que selon la configuration envisagée, l'agroforesterie peut sensiblement contribuer à la compensation des émissions " carbone " directes. En balance avec ce constat mitigé, il est bon de souligner que l'intérêt de l'agroforesterie ne saurait se résumer à sa seule composante carbonée. Que ce soit à l'échelle de l'agroécosystème, de l'exploitation agricole ou d'un territoire dans son ensemble, l'agroforesterie présente de nombreux bénéfices environnementaux, intéressant une approche plus globale touchant à la qualité des sols, à la maîtrise des ruissellements, à la préservation de la qualité des eaux et des paysages, à la gestion et conservation de la biodiversité, à l'amélioration de l'image de l'exploitation… La diversité des systèmes agroforestiers envisageables permet de répondre aux besoins d'un large panel de dispositifs agricoles, porteurs d'orientations et d'objectifs différents. Cette pratique peut ainsi toucher une grande partie des agriculteurs dès lors que les principaux freins sont identifiés puis levés. Si le développement de l'agroforesterie requiert évidemment l'implication forte de l'exploitant agricole, la collectivité en charge de l'aménagement du territoire, notamment lorsqu'elle pilote une dynamique environnementale du type Agenda 21 ou PCET, peut aussi, en toute légitimité, contribuer à sa réussite. La mise en place d'une stratégie globale visant à convertir des superficies agricoles conséquentes à la pratique agroforestière suppose d'avoir réalisé des diagnostics de territoire orientés d'un point de vue agronomique mais aussi foncier et socio-économique. La déclinaison de cette stratégie en démarches opérationnelles nécessitera que ces diagnostics soient rapidement complétés par des initiatives plus locales, menées parfois en réseau, permettant de diffuser largement l'information mais aussi d'accompagner au plus près, et dans la durée, les agriculteurs qui se lanceront dans cette nouvelle façon de conduire leur exploitation.

Mots-clés libres : Agroforesterie, Carbone, Atténuation du changement climatique

Classification Agris : F08 - Systèmes et modes de culture
P40 - Météorologie et climatologie
K10 - Production forestière

Contributeurs et affiliations

  • Cardinael Rémi, IRD (FRA) ORCID: 0000-0002-9924-3269 - collaborateur
  • Bachevillier Yves - collaborateur
  • Liagre Fabien - collaborateur
  • Béral Camille, Agroof (FRA) - collaborateur
  • Barthes Sylvie - collaborateur
  • Lafon Christophe - collaborateur
  • Ori Danièle - collaborateur
  • Labant Pierre - collaborateur
  • Vignaud Pierre - collaborateur

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/580607/)

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