Agritrop
Accueil

Le commerce de "lait en poudre réengraissé" : Situation et enjeux pour les échanges Europe – Afrique de l'Ouest

Duteurtre Guillaume, Corniaux Christian. 2018. Le commerce de "lait en poudre réengraissé" : Situation et enjeux pour les échanges Europe – Afrique de l'Ouest. Montpellier : CIRAD-ES-UMR SELMET, 43 p.

Rapport d'expertise
[img]
Prévisualisation
Version publiée - Français
Utilisation soumise à autorisation de l'auteur ou du Cirad.
Rapport Cirad commerce poudre de lait réengraisséeVF.pdf

Télécharger (1MB) | Prévisualisation

Résumé : Les mélanges de lait écrémé et de graisse végétale sont de plus en plus utilisés comme matière première par les industries laitières. Ce commerce se développe en priorité dans les pays où il n'existe pas de réglementation spécifique pour ces produits. En Afrique de l'Ouest, on trouve principalement des poudres de lait ré-engraissées avec des matières grasses végétales ainsi que d'autres produits comme le lait condensé sucré ré-engraissé. Ces succédanés de produits laitiers sont jusqu'à 30% moins chers que les produits laitiers qu'ils remplacent. En 2017, la poudre réengraissée représentait 78% des exportations européennes de poudre de lait et de mélanges de poudre de lait vers l'Afrique de l'Ouest, soit 308 000 tonnes. La plupart du temps, l'origine végétale des produits est mentionnée sur l'emballage. C'est le cas par exemple pour les sachets de poudre manufacturés et pour les boites de lait concentré. Mais il arrive qu'un étiquetage déficient donne lieu à des confusions possibles entre produits laitiers et produits élaborés à partir de produits de substitution. C'est le cas par exemple de la poudre de lait vendue en sachets transparents noués sans étiquette, des yaourts de fabrication locale qui ne mentionnent pas le type de matière première utilisée, et de certains plats préparés (café au lait, plats cuisinés, etc.). Ces confusions se traduisent alors dans les nomenclatures inexactes utilisées par les commerçants de détail et par les consommateurs. Parfois, les publicités jouent aussi sur cette confusion possible, y compris pour les produits importés : elles utilisent des termes ou des images de laiterie pour vanter les qualités de succédanés de produits laitiers. L'absence de normes locales sur ces produits issus de mélanges contribue à entretenir ces confusions. En revanche, les normes publiées par le Codex Alimentarius les réprouvent clairement. En effet, lorsque les produits laitiers sont mis en concurrence avec des succédanés de produit dont l'étiquetage laisserait à penser qu'il s'agit de produits laitiers, le consommateur est trompé. La composition de ces produits issus de mélanges diffère de celle des produits laitiers sur 2 points : les constituants de la matière grasse (composition en acides gras) ; et les facteurs de goûts (liés notamment à la composition en acides gras). En l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible de prouver que ces produits ont un impact sur la santé, dans la mesure où les huiles végétales font elles aussi l'objet de consommation. Cependant, la consommation de ces produits de substitution peut donner lieu à des déséquilibres nutritionnels pour les personnes pour lesquelles l'ensemble des constituants du lait (et notamment les matières grasses) sont nécessaires d'un point de vue nutritionnel. C'est le cas par exemple des nourrissons. De tels risques nécessitent d'être mieux évalués. Enfin, l'usage d'huile de palme pose des questions environnementales qui justifieraient que des labels durables ou responsables soit utilisés par les fabricants de poudre de lait ré-engraissée. En conclusion, le commerce des succédanés de produits laitiers en Afrique de l'Ouest permet à un grand nombre de consommateurs d'accéder à des produits bon marché ressemblant à des produits laitiers. Mais il donne lieu à des tromperies sur le nom des produits et sur leur origine. Lorsque la composition n'est pas clairement indiquée, ce commerce peut constituer une pratique déloyale vis-à-vis des consommateurs et vis-à-vis des concurrents respectueux des normes. Plusieurs pistes sont proposées pour lever ces entraves à un commerce responsable. Il convient notamment d'adopter d'urgence des règlementations nationales s'inspirant des normes proposées par le Codex Alimentarius, de conduire des campagnes d'information auprès des consommateurs, et d'encourager la collecte de lait local.

Mots-clés libres : Commerce, Secteur laitier, Afrique, Lait

Auteurs et affiliations

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/590607/)

Voir la notice (accès réservé à la Dist) Voir la notice (accès réservé à la Dist)

[ Page générée et mise en cache le 2020-06-16 ]