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Eleveurs et société du nord de l'Uruguay face au changement global

Saravia Alvarez Alejandro. 2016. Eleveurs et société du nord de l'Uruguay face au changement global. Paris : AgroParisTech, 278 p. Thèse de doctorat : Sciences agronomiques et écologiques : AgroParisTech

Thèse
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Version publiée - Français
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Titre anglais : Farmers gauchos and northern society of Uruguay facing global change

Encadrement : Tourrand, Jean-François ; Poccard-Chapuis, René

Résumé : Depuis le début de la colonisation par les Européens, le Nord de l'Uruguay se caractérise par la présence d'un élevage bovin et ovin en lien avec le biome pampa, récemment appelé Campos, parcours ou savane herbacée. Autour de ce socio-écosystème composé de l'Homme, l'Animal et la Prairie naturelle s'est progressivement au cours des 2-3 derniers siècles développée la société gaucha dont la structure, la culture, l'économie, la politique, les savoirs, coutumes et traditions font directement ou indirectement référence à ces trois composantes. Biome partagé avec l'Argentine et le Brésil, la Pampa est depuis deux à trois décennies l'objet d'un fort développement de l'agriculture d'exportation, principalement les grains avec notamment le soja et les plantations forestières pour le bois et la cellulose, en lien avec la demande internationale croissante en produits agricoles. Dans le cas de l'Uruguay, près de 20% de la prairie naturelle a déjà été transformée en champs de soja et autres grains et en plantations d'eucalyptus et de pins. L'agriculture d'exportation, globalisée et en grande partie contrôlée par des groupes étrangers, obtient un revenu à hectare supérieur à l'élevage de l'ordre de deux à trois fois, voire cinq à dix fois, selon le cours du marché international de la production. Avec un tel revenu, d'un côté l'agriculture d'exportation accède au foncier en louant ou achetant la terre aux éleveurs gauchos, et de l'autre côté les éleveurs gauchos louent leur terre, en totalité ou en partie, pour se constituer un revenu d'appoint, ou dans certains cas la vendent pour se désendetter ou tout simplement pour migrer vers la ville à la recherche d'autres activités. Par ailleurs, l'agriculture d'exportation reposant sur des paquets techniques avancés et une gestion à base de nouvelles technologies, mais aussi proposant des emplois en milieu rural avec résidence en ville, attire une jeunesse qui se désintéressait de plus en plus de la vocation un peu vieillotte offerte par l'élevage gaucho. Ainsi, parallèlement à la transformation de la prairie naturelle en parcelle plantée en grains ou en arbres, l'agriculture d'exportation accélère l'exode rural de familles abandonnant l'élevage, et en conséquence le dépeuplement des communautés, qui sont les lieux traditionnels d'activité et de vie sociale du système gaucho. A partir des concepts de vulnérabilité, résilience, adaptation, en s'appuyant en particulier sur la démarche système et la modélisation, notre recherche décrit, explique et modélise les dynamiques en cours dans le Nord de l'Uruguay, simule les scénarios du futur tant pour les exploitations d'élevage que pour les communautés et les territoires, et propose des mesures de politique publique appropriée. La plupart des observateurs pointe du doigt la bonne rémunération proposée par l'agriculture d'exportation comme principal moteur des transformations en cours. Notre recherche montre qu'il s'agit plus d'un phénomène parallèle, même si interagissant et ayant souvent un effet déclencheur. Les racines du changement seraient plus à chercher dans les fondements même de la société gaucha, dans la remise en cause du tripode Homme – Animal – Prairie qui ne correspondrait plus aux attentes de la population rurale, notamment des jeunes Gauchos, remise en cause qui serait à l'origine de l'exode rural. De plus, nous démontrons que l'attente majeure de la société rurale gaucha, loin d'être seulement un meilleur revenu et un habitat urbain, serait la possibilité de s'insérer dans la construction un projet à moyen-long terme associant un rapport particulier à l'animal, au troupeau, à l'environnement et des valeurs sociales, notamment communautaires, qui sont l'essence même du système gaucho. Nous pensons que la société gaucha a encore et toujours les ressources de son ambition, grâce notamment au savoir local et largement partagé sur la nature, les modes d'exploitation de la prairie naturelle, ainsi qu'une prédisposition à la conduite d'actions collectives. Plusieurs initiatives, le plus souvent d'origine privée, quasiment toujours localisées et parfois seulement ponctuelles, ont ouvertes la voie à suivre. Le mécanisme du Parc Naturel régional nous semble correspondre à une initiative collective, de plus grande ampleur, répondant aux attentes de la population locale, rurale, mais aussi urbaine, et auquel la société gaucha du Nord de l'Uruguay pourrait prétendre. Sa mise en oeuvre nécessite un investissement des pouvoirs publics ainsi qu'une mobilisation de tous les étages de la société gaucha, de l'exploitation d'élevage à la gouvernance des territoires.

Résumé (autre langue) : Since the beginning of European colonization, north of Uruguay is characterized by the presence of cattle and sheep farming in connection with the biome pampa, recently called Campos or grasslands. Around this socio-ecosystem of Human, Animal and Natural Prairie gradually over the last 2-3 centuries developed the gaucho society whose structure, culture, economy, politics, knowledge, customs and traditions are directly or indirectly to these three components. Biome shared with Argentina and Brazil, the Pampas is from two to three decades subject to a strong development of export agriculture, mainly grains including soybeans and forest plantations for wood and cellulose, linked to the growing international demand for agricultural products. In the case of Uruguay, almost 20% of native prairie has been converted into soybean fields and other grains and eucalyptus and pine plantations. Export agriculture, globalized and largely controlled by foreign groups, gets an income per hectare than livestock of around two to three times, even five to ten times, depending on international market prices production. With such an income, one side agriculture export access to land by renting or buying land to farmers gauchos, and across the gauchos farmers rent their land, in whole or in part, to constitute extra income, or in some cases sell to pay off debt or simply to migrate to the city in search of other activities. Moreover, export agriculture based on advanced technical packages and new technologies based management but also providing jobs in rural areas with city residence, attracts young people who took no interest in increasing the vocation a little old gaucho offered by breeding. Thus, parallel processing of natural meadow parcel planted with grains or trees, export agriculture accelerates rural exodus of families abandoning farming and consequently the depopulation of communities, which are the traditional places activity and social life of the gaucho system. From the concepts of vulnerability, resilience, adaptation, relying in particular on the system and modeling approach, this research describes, explains and models the current dynamics in the North of Uruguay, simulate future scenarios as for livestock farms and the communities and territories, and offers of appropriate public policy measures. Most observers point the finger at the right remuneration proposed by export agriculture as the main engine of the transformations underway. Our research shows that this is more of a parallel phenomenon, though often interacting and having a trigger effect. The roots of change would be more to look into the very foundations of the gaucho society, questioning the human tripod - Animal - Prairie that no longer correspond to the expectations of the rural population, especially young Gauchos, questioning who would the cause of rural depopulation. Furthermore, we demonstrate that the major expectation of the gaucho rural society, far from being just a better income and urban habitat, would be able to fit into building a medium-term project involving a particular report to the animal, the herd, environmental and social values, including community, which are the essence of gaucho system. We believe that the gaucho society and yet still has the ambition of its resources, thanks to local knowledge and widely shared on the nature, modes of exploitation of the native grassland, and a predisposition to conduct collective actions. Several initiatives, mostly from private sources, almost always localized and sometimes only point, have opened the way to go. The mechanism of the Regional Natural Park seems to correspond to a collective initiative on a larger scale, meeting the expectations of the local population, rural as well as urban, and which the company gaucha northern Uruguay may claim. Its implementation requires government investment and a mobilization of all floors of the gaucho society, the livestock operation in the governance of territories.

Mots-clés Agrovoc : élevage, éleveur pastoral, changement social, sociologie rurale, organisation socioéconomique

Mots-clés géographiques Agrovoc : Uruguay

Mots-clés complémentaires : Globalisation

Classification Agris : L01 - Élevage - Considérations générales
E50 - Sociologie rurale

Auteurs et affiliations

  • Saravia Alvarez Alejandro, CIRAD-ES-UMR SELMET (FRA)

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/596890/)

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