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Quelles actions politiques pour renforcer l'accès des producteurs agricoles à des engrais chimiques à prix réduits au Burkina Faso. Rapport d'analyse de politique

Maître d'Hôtel Elodie, Issoufou Pargo. 2018. Quelles actions politiques pour renforcer l'accès des producteurs agricoles à des engrais chimiques à prix réduits au Burkina Faso. Rapport d'analyse de politique. Rome : FAO, 45 p.

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Résumé : A moyen terme, la sécurité alimentaire du Burkina Faso devra passer par l'augmentation de la production agricole, pour faire face à des taux de croissance démographiques élevés. L'augmentation de l'utilisation de l'engrais chimique permettrait d'augmenter la production agricole. Toutefois, les niveaux d'utilisation de l'engrais chimique restent faibles au Burkina Faso, s'établissant en moyenne à 15 kg de NPK et d'urée par hectare de terre cultivée (données FAOSTAT pour la campagne 2015). Du fait de l'enclavement, les prix de l'engrais chimique sont élevés au Burkina Faso par rapport aux autres pays de la région : ils s'établissent en moyenne à 360 000 FCFA/tonne, ce qui correspond à un prix pour le producteur agricole de 18 000 FCFA par sac de 50 kilogrammes (données AFRICAFERTILIZERS pour juin 2017). En outre, les capacités financières des producteurs agricoles sont limitées au moment de l'installation des cultures, ce qui contribue à une faible utilisation de l'engrais chimique. La baisse des prix de l'engrais comme objectif politique du Gouvernement du Burkina Faso Cette étude a été commanditée par le Ministère de l'Agriculture et des Aménagements Hydrauliques du Burkina Faso, suite à une requête de l'Assemblée Nationale demandant " d'étudier la possibilité de concrétiser l'engagement du gouvernement de baisser le prix des intrants agricoles aux fins de stimuler la production agricole ". L'option politique privilégiée par le Burkina Faso depuis 2007 pour baisser le prix des intrants est le recours à des mesures classiques de subventions des engrais. Ces mesures font aujourd'hui l'objet de critiques et sont à reconsidérer. Le fonctionnement de la filière engrais au Burkina Faso Environ 300 000 tonnes d'engrais chimique sont utilisées chaque année au Burkina Faso. Près de la moitié de l'engrais utilisé est destinée à la production de coton, le restant étant destiné au maraichage et à la production céréalière. La grande majorité de l'engrais est importée par un nombre restreint d'opérateurs, avant d'être distribuée par un réseau large de distributeurs, grossistes et détaillants. Les importations sont principalement le fait de grandes entreprises à capitaux étrangers, et plus des deux tiers des engrais importés sont produits ou assemblés dans les pays de l'espace CEDEAO, notamment au Mali, en Côte d'Ivoire et au Togo ce qui leur permettent de bénéficier d'un régime douanier spécifique, par l'exonération du droit de douane. Diminuer le prix de l'engrais au producteur, quels leviers d'action ? Les données collectées dans le cadre de cette étude ont permis de reconstituer une structure des coûts de l'engrais chimique (NPK et urée) au Burkina Faso. On estime que le prix payé au producteur agricole se décompose comme suit : achat du produit (67 pour cent), frais de transport (12 pour cent), frais financiers (8 pour cent), impôts et taxes (6 pour cent), marges commerciales des importateurs et distributeurs (3 pour cent), frais de stockage (2 pour cent) et frais de formalité aux douanes (2 pour cent). L'analyse a permis de mettre en évidence les facteurs explicatifs du prix élevé de l'engrais au producteur agricole. Ces facteurs sont : • Des marchés de crédit défaillants, ce qui se traduit par des frais financiers élevés supportés par les distributeurs et retransmis sur les producteurs et par l'incapacité de certains distributeurs de répondre à la demande des producteurs du fait de ressources propres limitées. Par conséquent, des situations locales d'indisponibilité physique de l'engrais et de flambées des prix sont courantes. • L'opacité des procédures liées au dédouanement, qui complexifie le passage aux frontières et peut dissuader les nouveaux opérateurs désireux de se positionner sur le secteur des importations. • L'inefficacité du ciblage des subventions, qui donne lieu au développement de marchés informels et qui a tendance à évincer les opérateurs privés de la distribution de l'engrais dans les villages. • La saisonnalité des achats par les producteurs, qui peut engendrer des situations locales de flambée des prix. À partir de cette étude diagnostique, sept actions à même de limiter le prix des engrais payés par les producteurs agricoles au Burkina Faso ont été identifiées. Les recommandations touchent premièrement à des réformes réglementaires, de portée modeste, pour réduire marginalement le prix des engrais : - Recommandation 1. Clarification des frais de formalités perçus à la frontière pour l'importation des engrais chimiques. - Recommandation 2. Négociation de contrats logistiques intégrés avec les opérateurs (transport ferroviaire et charges portuaires). - Recommandation 3. Prise en charge partielle du contrôle qualité des engrais par l'État. Deuxièmement, les recommandations proposées touchent à des mesures de réforme du programme de subvention aux engrais actuel, dans l'objectif d'améliorer et rationaliser l'intervention publique : - Recommandation 4. Définition d'un nouveau mécanisme de subvention : subvention ciblée sur les OP avec contrats d'achats institutionnels. - Recommandation 5. Définition d'un nouveau mécanisme de subvention : mini-subvention du prix de l'engrais à la récolte par un système de coupons. - Recommandation 6. Bonification du taux d'intérêt par l'État sur les crédits bancaires accordés pour l'importation et la distribution d'engrais chimique dans le nouveau mécanisme de subvention. Enfin, une mesure visant la participation et la concertation des acteurs publics et privés qui interviennent dans la filière engrais : - Recommandation 7. Mise en place d'une plateforme de concertation entre importateurs, distributeurs, usagers de l'engrais et État.

Mots-clés libres : Intensification, Intrants, Politiques, Burkina Faso

Auteurs et affiliations

  • Maître d'Hôtel Elodie, CIRAD-ES-UMR MOISA (BFA)
  • Issoufou Pargo

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/587753/)

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