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Innovations agro-écologiques villageoises. Impact de la fiente de poulet dans les cacaoyères de Côte d'Ivoire. Rapport 1er semestre 2017

Ruf François, Kiendré Josué. 2017. Innovations agro-écologiques villageoises. Impact de la fiente de poulet dans les cacaoyères de Côte d'Ivoire. Rapport 1er semestre 2017. Montpellier : CIRAD-ES-UMR INNOVATION, 30 p.

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2017 08 21 Ruf Kiendre Rapport CIRAD CEDEAO B.pdf

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Résumé : L'objectif de ce projet avec la CEDEAO et l'AFD est de se concentrer sur les innovations villageoises concernant la fertilisation organique des cacaoyers, en particulier les fumures animales. Elles sont complémentaires au moins aussi importantes que les innovations en matière d'agroforesterie et de fumure minérale. En amont, le développement des élevages (volailles, ovin, porcin, voire bovin) constitue en soi un ensemble d'innovations, longtemps limitées par le risque de maladies et de vols des animaux. Pour identifier les planteurs de cacao et évaluer leurs taux d'adoption de fumure organique en comparaison de l'engrais minéral, et les contraintes à 'adoption, deux questionnaires ont été conçus, l'un simple passé auprès de 150 exploitations, l'autres plus détaillé pour analyser les processus d'adoption. Pour analyser les conditions de production et de commercialisation de la fiente de poulet, la fumure organique de loin la plus utilisée, deux questionnaires sont passés, respectivement auprès des éleveurs et des commerçants. Pour mesurer l'impact spécifique de la fiente sur les rendements cacao, quatre méthodes ont été appliquées, les 3 premières appliquées dans cette région de Duékué/Guiglo, la quatrième portant sur une réussite exceptionnelle repérée près de Divo. Les planteurs de cacao de l'ouest du pays ont 45 ans en moyenne, sont immigrants en large majorité, venus pour le cacao. Les moyennes de surfaces en plantations sont de 3,72 ha de cacaoyers, 0,10 ha de caféiers et 0,14 ha d'hévéas. Le café, trop peu rémunérateur, semble devenir anecdotique dans les années 2010. Malgré le boom caoutchouc des années 2000/10, l'hévéa peine encore à trouver sa place dans plusieurs régions et villages. 25% des planteurs de cacao emploient des métayers (Abusa) mais 1/5 de ces contrats sont des arrangements père/fils ou neveux En 2017, malgré les processus de diversification, le cacao reste la culture structurée par les migrations et structurant le paysage agricole de tout l'ouest du pays. Encore 74% des planteurs ne sont jamais allés à l'école, 18% n'ont pas dépassé le primaire, 8% le secondaire, aucun n'a atteint le supérieur, mais ça ne les empêche pas d'innover et d'investir dans la fertilisation de leurs cacaoyères. En 2014/15, les proportions de planteurs utilisant l'engrais chimique et la fiente de poulet étaient équivalentes, autour de 16-18%. En 2015/16, dans un contexte de prix du cacao en hausse, passant à 1000 F/kg, et de stagnation du prix de l'engrais, les tendances semble diverger en faveur de l'engrais chimique dont la consommation s'accroit tandis que stagnent les achats de fiente. Toutefois, les quantités restent globalement concentrées dans les mains de " gros planteurs ", avec des maxima de 150 à 300 sacs et une moyenne de 9,5 sacs de fiente contre 2,5 sacs d'engrais chimique. A raison de 2500 à 5000 F par sacs de fiente selon le poids, et 16.000 à 20.000 F par sac d'engrais, les dépenses par hectare sont équivalentes. Sur 12 mois, indépendamment du niveau de rendement à l'hectare, un kg de fiente coûtant environ 70 F en 2016/17 dans l'ouest de la Côte d'Ivoire génère un gain de 0,15 à 0,30 kg de cacao, d'où un revenu brut additionnel de 165 à 300 Fcfa au prix moyen de 1100 Fcfa/kg de cacao et de 105 à 210 Fcfa au prix moyen de 700 Fcfa/kg de cacao. Dans un contexte de chute de prix du cacao, un projet appuyant les investissements villageois pourrait démultiplier cet impact et réduire le coût de fertilisation d'au moins 50%, susceptible d'offrir un retour sur investissement de 200% à 600% sur un an, hors travail additionnel. Nous ne connaissons pas de projets agricoles avec une telle perspective de retour sur investissement. Les recommandations ont donc bien d'aider les villages de tout l'ouest de la Côte d'Ivoire à développer des élevages pour réduire les coûts de transport et de commercialisation (de la fiente mais aussi des oeufs et des poulets) entre les élevages, dominants à l'est du pays, et la demande en fiente, dominante dans les plantations de l'ouest où les sols sont moins favorables aux cacaoyers, d'autant plus aujourd'hui après des décennies de déforestation.

Résumé (autre langue) : The project objective for ECOWAS and AFD was to focus on smallholders' innovations in organic fertilization of cacao, especially using animal manure. These are complimentary, and at least as important as innovations in agroforestry and use of chemical fertilizers. Those related to livestock rearing (of poultry, sheep, pigs and also cattle) were however limited for a long time by the risk of animal disease and theft of animals. This report presents intermediary results from four surveys, while others continue in 2017. One survey evaluated the adoption rate of organic manure compared to chemical fertilizer among 150 farms, and a more detailed survey then assessed adoption processes and constraints against adoption. Two further surveys were then conducted among livestock farmers and sellers to analyse production and commercialization of chicken manure, by far the most widely used organic fertilizer. And to measure the specific impacts of chicken manure on cacao yields, four methods were applied, three in Duékué/Guiglo area and one on an exceptional success near Divo. Cacao farmers in the west of the country are on average 45 years old, and mostly immigrants that have come to grow cacao. Average plantation areas are 3.72 ha for cacao, 0.10 ha for coffee and 0.14 ha for rubber. Declining returns for coffee meant it become scarcer in the 2010s. Despite the rubber boom of the 2000/10s, it still struggles to find in place in several areas and villages. 25% of the cocoa famers hire sharecroppers (Abusa) but around 1/5th are sharecropping arrangements between fathers and sons or nephews. In 2017, despite diversification, cacao remains the crop that leads to migrations and resulting changes in the agricultural landscape throughout the west of the country. And though 74% of the farmers have never been to school, 18% only had a primary education, 8% only a secondary education and none reached higher education, this has not stopped them to innovate, and to invest in fertilizing their cacao plantations. In 2014/15, 16-18% of farmers used chemical fertilizer and the same amount used chicken manure. In 2015/16, cacao price reached FCFA 1000/kg, and with costs of chemical fertilizer remaining constant, this favoured their use and consumption increases, while chicken manure purchases levelled off. Stocks were largely concentrated in the hands of large-scale farmers, who had up to 150-300 sacks, with an average per farm of 9.5 sacks of chicken manure bags and 2.5 sacks of chemical fertilizer. These cost FCFA 2500-5,000 per sack for chicken manure according to weight, and FCFA 16,000-20,000 for chemical sack, but the cost per hectare was equivalent. Over 12 months and independent of yields per hectare, 1 kg of chicken manure that cost FCFA 70 in 2016/17 in western Côte d'Ivoire generated an increased production of 0.15-0.30 kg of cacao, leading to an additional gross income of FCFA 165-300 at an average cacao price of FCFA 1100/kg, and FCFA 105-210 at an average price of FCFA 700/kg. In the context of falling cacao prices, a project based on farmer investments could multiply this impact and reduce fertilization costs by at least 50%. This could offer a return on investment of 200-600% per year, excluding additional labour, and it may be hard to imagine other agricultural projects with such potential returns. Preliminary recommendations include helping villages in western Côte d'Ivoire to increase livestock numbers. This would reduce the current transport and commercialisation costs in the trade of chicken manure as well as eggs and meat between producers who are mostly in the east of the country, and the demand for chicken manure for cacao plantations in the west where soils are less favourable, even more so today after decades of deforestation.

Mots-clés libres : Fumure organique, Engrais, Exploitation cacaoyère, Innovation, Rendement cacao, Resilience

Auteurs et affiliations

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/588893/)

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