Boutrais Jean.
2000. L'agro-élevage des Foulbés de Ngaoundéré (Adamaoua camerounais) : les évolutions des relations entre l'agriculture et l'elevage.
In : Fertilité et relations agriculture-élevage en zone de savane : actes de l'atelier sur les flux de biomasse et la gestion de la fertilité à l'échelle des terrois, 5-6 mai 1998, Montpellier, France. Dugué Patrick (ed.). CIRAD
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Résumé : L'agro-élevage des Foulbés de Ngaoundere (Adamaoua camerounais). Les évolutions des relations entre l'agriculture et l'élevage. L'intérêt actuel des développeurs pour l'association entre l'agriculture et l'élevage en Afrique sub-saharienne met en valeur les systèmes traditionnels qui réunissent déjà les deux activités. C'est le cas de nombreux systèmes de production de Peuls sédentarisés, notamment celui des Foulbés de Ngaoundéré, aux environs de la capitale de l'Adamaoua (Cameroun). Elevage bovin transhumant et agriculture du sorgho sont associés ici par le biais de la culture attelée, de la fumure animale et de la mise en clôture des champs. La culture attelée s'est généralisée en l'absence de culture de rente mais en valorisant un capital en cheptel et des compétences vis-à-vis des animaux, ce qui est un cas tout à fait intéressant, par opposition aux systèmes cotonniers soudaniens. Cependant, la culture attelée se limite aux labours avant semis, avec le double objectif de faciliter ces semis mais également les sarclages. La fumure animale est une technique bien maîtrisée pour gérer deux effets contradictoires : le maintien de la fertilité du sol et le risque d'enherbement des cultures. Pour les concilier, les Foulbés privilégient une fumure par parcage de courte durée en début de saison des pluies. Quant à la mise en clôture des champs, elle prend des formes diverses et passe par une " domestication " de matériels végétaux d'emprunt. Contrairement aux apparences, il semble que cet agro-élevage n'est pas ancien, notamment pour deux de ses composantes : l'édification des clôtures et la culture attelée. L'une et l'autre correspondent à une importance plus grande de l'élevage dans l'économie familiale des Foulbés et à la perte d'une maind'oeuvre servile. L'histoire de l'introduction de la culture attelée en Adamaoua est celle d'échecs répétés puis d'une réussite rapide, dès lors que les Foulbés durent pallier la défection de leur force de travail habituelle. Malgré la réussite globale de cet agro-élevage, il ne résout pas parfaitement quelques contradictions entre agriculture et élevage, notamment à deux périodes de l'année. En début de saison sèche, la longue attente de la récolte tardive du sorgho contraint à éloigner les troupeaux pour une première phase de transhumance parfois mai vécue du côté de l'élevage. Au contraire, l'importance accordée à la fumure de début de saison des pluies se traduit par un retour précoce des troupeaux, alors que les pâturages du plateau ne sont pas encore reconstitués : c'est une nouvelle période difficile pour le bétail. Actuellement, l'agro-élevage des Foulbés de Ngaoundéré se transforme par des innovations surtout agricoles : substitution rapide du maïs au sorgho, utilisation d'engrais, recours aux labours par tracteur. Du côté de l'élevage, l'édification de petits barrages et la fabrication de foin aboutiront peut-être au même résultat : le développement des deux activités mais de façon séparée. Ce serait alors la fin d'une combinaison originale de l'élevage à l'agriculture, qui fut une réponse à un bouleversement de la société des Foulbés à la fin de la période coloniale.
Auteurs et affiliations
- Boutrais Jean, IRD (FRA)
Autres liens de la publication
Source : Cirad - Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/263934/)
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