Gasmi Nacer, Grolleau Gilles.
2003. Economie de l'information versus economie de l'attention ? : Une application aux labels agro-alimentaires.
In : Les systèmes agroalimentaires localisés : produits, entreprises et dynamiques locales, Montpellier, France, 16 - 18 octobre 2002 = Local agri-food systems, Montpellier (France), October, 16th to 18th, 2002 ; Sistemas agroalimentarios localizados, Montpellier (Francia), del 16 al 18 de octubre de 2002 : Held in Montpellier (France), on october, 16th to 18th, 2002. GIS SYAL, INRA, CIRAD, CNEARC, Agropolis muséum, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, UM1
Résumé : Les stratégies de différenciation des produits agro-alimentaires se réfèrent souvent à des attributs "cachées", dont les consommateurs ne peuvent détecter les propriétés promises avant l'achat ou même après l'achat. Cette non détectabilité se traduit par la mise en place de mécanismes de signalement spécifiques, comme les labels agro-alimentaires. La crédibilité de cette différenciation informationnelle repose sur les modalités des phases de définition des attributs échangés, de leur vérification et de leur signalement effectif. Les labels agro-alimentaires sont souvent traités dans le cadre d'analyse proposé par la théorie économique classique, où ils constituent des réducteurs de l'asymétrie informationnelle entre les producteurs et les consommateurs. En effet, ces marchés relatifs à des attributs d'expérience et de croyance sont exposés à de forts risques de sélection adverse. Malgré leur utilité indéniable, ces modèles de la nouvelle microéconomie de l'information occultent une dimension essentielle. Dans des environnements caractérisés par une surabondance informationnelle (prolifération quantitative et qualitative des labels agro-alimentaires) et des individus aux capacités cognitives limitées, la ressource rare et cruciale n'est plus l'information mais l'attention des individus, de telle sorte que se développe une véritable économie de l'attention. En effet, les consommateurs et les autres agents disposent d'un temps réduit et de capacités limitées pour traiter et analyser des flux d'informations sans cesse croissants. Les individus étant détenteurs d'une quantité d'attention limitée, ils peuvent l'allouer à différents usages en fonction de l'utilité qu'ils en retirent. Les firmes ne sont donc pas simplement exposés à une situation défournisseur d'informations fussent-elles correctes, mais aussi à une situation de capteur d'attention. En effet, ce n'est pas tant le rétablissement d'une certaine symétrie de l'information, mais les repères et raccourcis informationnels tenant compte des capacités "attentionnelles" des consommateurs qui semblent être déterminants pour le succès des programmes de labellisation. En outre, les consommateurs utilisent ces repères comme des "écrans conventionnels" qui évitent de prendre en compte l'ensemble des processus de définition, de vérification et de signalement au profit de "raccourcis" permettant de réduire les coûts de transaction et d'information. Nous montrons que les stratégies de différenciation basées sur des labels agro-alimentaires ne doivent pas être raisonnées uniquement en terme de réduction d'asymétrie informationnelle (production d'une information correcte, complète et factuelle), mais aussi en terme de capteur d'attention dans une perspective d'efficience. Nous analysons quelques éléments susceptibles de jouer le rôle de vecteurs d'attention et d'économiseur des capacités des individus, en l'occurrence, l'intégration des repères préexistants, la crédibilité de la source de l'information, la personnalisation du message et la forme de transmission de l'information.
Auteurs et affiliations
- Gasmi Nacer, Université de Bourgogne (FRA)
- Grolleau Gilles, Université de Bourgogne (FRA)
Autres liens de la publication
Source : Cirad - Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/514261/)
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