Kossoumna Liba'a Natali. 2002. Les stratégies paysannes face aux mutations de la filière cotonnière au Cameroun. Ngaoundéré : Université de Ngaoundéré, 59 p. Mémoire DEA : Géographie : Université de Ngaoundéré
Résumé : Les paysans du Nord-Cameroun sont actuellement confrontés à des incertitudes liées à la restructuration de la filière cotonnière prévue dans l'option de la privatisation et de la libéralisation de la collecte du coton. Ces dernières années, des variations importantes et à la baisse des prix de la fibre sur le marché mondial se sont traduites par des difficultés financières pour la Sodécoton qui se sont répercutées sur les producteurs : prix moyen d'achat du coton moins rémunérateurs, des retards dans la collecte et le paiement du coton graine, et des difficultés dans l'approvisionnement en intrants. Dans le même temps, certaines de ses fonctions (commercialisation du coton, approvisionnement en intrants) sont progressivement transférées aux groupements de producteurs mis en place petit à petit depuis les années 1980, et qui ont été regroupés au sein de l'Organisation des Producteurs de Coton du Cameroun (OPCC), créée en 2000. Ces changements, mutations et évolutions sont d'autant plus mal ressentis par les agriculteurs qu'ils interviennent après une période favorable qui a cumulé des cours élevés et les effets favorables de la dévaluation du Fcfa. Ils ont affecté le milieu rural en provoquant des évolutions dans les comportements et les stratégies des paysans de la zone cotonnière, que le présent mémoire se propose d'étudier et de comprendre. Ce mémoire s'appuie sur les statistiques de la Sodécoton, les travaux du Pôle de Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale (Prasac) sur les exploitations agricoles, et sur des entretiens réalisés auprès d'un échantillon de 60 paysans. Une première analyse a permis de ressortir la perception des paysans de la filière cotonnière, perception fortement marquée par l'histoire du coton au Cameroun. Pour les paysans, le coton était d'abord une culture des tisserands, imposée de force par les colons entre 1920 et 1950, devenue obligatoire entre 1950 et 1970, et incontournable depuis; le coton est cultivée par environ 85% des paysans de la zone cotonnière. Incontournable car la majorité des paysans ne voit pas comment s'en passer. Elle leur apporte des crédits, des emplois, et des revenus. Elle permet aux groupements de financer des infrastructures villageoises. Et elle facilite le règlement des impôts et taxes aux autorités traditionnelles. Une seconde analyse sur les stratégies des exploitants a permis de distinguer deux grands groupes de paysans, divisés en quatre types: les petites exploitations en situation critique à stratégies essentiellement "défensives" de limitation des risques (Type A), et celles en phase de développement et de capitalisation à stratégies essentiel lernent "offensives" par la diversification des revenus, et l'augmentation de la productivité des facteurs de production (Types B, C, D). Le type B est composé des exploitations en phase d'investissement, le type C de celles en phase de capitalisation et à stratégies extra agricole, et le type D de celles en phase d'accumulation à partir du coton. Ces résultats montrent qu'aujourd'hui le coton est à la base des systèmes de production de la zone, mais il ne répond pas aux mêmes objectifs et attentes selon les types d'exploitations mis en évidence. Les paysans se retrouvent donc inégalement "armés" face aux mutations de la filière cotonnière. Et pour la majorité d'entre eux, le coton est un passage "obligé" pour satisfaire des besoins importants (mariage, capitalisation, investissement...), et pour répondre aux sollicitations de leur environnement social (groupements, chefferie). Enfin, ces résultats ont permis de tirer des enseignements sur les outils et méthodes de collecte et d'analyse des données qualitatives utilisables pour la suite de nos recherches en thèse sur les stratégies des acteurs. Le thème porte sur "les Dynamiques agraires et gestion des ressources et territoires chez les éleveurs transhumants sédentarisés au Nord Cameroun". L'évolution des superficies agricoles au dépens des zones rés
Auteurs et affiliations
- Kossoumna Liba'a Natali, Université de Ngaoundéré (CMR)
Autres liens de la publication
Source : Cirad - Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/520219/)
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