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Do we have to mistrust still water? Hydropolitical considerations about lake Chad

Magrin Géraud. 2005. Do we have to mistrust still water? Hydropolitical considerations about lake Chad. In : Man and the lake = Proceedings of the 12th Mega Chad Conference, Maiduguri, 2nd - 9th December 2003. by Catherine Baroin, Gisela Seidensticker-Brikay and Kyari Tijani (eds.). Nanterre : Méga-Tchad, 133-152. Colloque Méga-Tchad. 12, Maiduguri, Nigeria, 2 Décembre 2003/9 Décembre 2003.

Communication sans actes
Texte intégral non disponible.

Titre français : Faut-il se méfier de l'eau qui dort ? Réflexion sur les enjeux hydropolitiques autour du lac Tchad ?

Résumé : Faut-il se méfier de l'eau qui dort ? Réflexion sur les enjeux hydropolitiques autour du lac Tchad. Le lac Tchad est un objet géopolitique original. Il se partage aujourd'hui entre quatre États pour lesquels il est loin d'avoir la même importance. En termes de superficies, le lac relève pour environ la moitié de la souveraineté tchadienne, pour un quart du Nigeria, un sixième du Niger, et un douzième seulement du Cameroun. Le lac Tchad, avec les basses vallées du Chari et du Logone, est vital pour le Tchad. Le lac et ses tributaires mineurs sont d'une importance variable pour le Niger, le Nigeria et le Cameroun, mais il ne s'agit jamais pour ces États que d'enjeux locaux qui concernent les périphéries de ces territoires. La géopolitique du lac traduit aussi les rapports de force déséquilibrés entre ces États: le géant nigérian, avec ses 135 millions d'habitants, la puissance industrielle et militaire que lui confère son statut ancien de pays pétrolier, dispose d'un potentiel sans commune mesure avec ceux des pauvres États sahéliens enclavés et sous-peuplés que sont le Tchad et le Niger (respectivement 8 et 9 millions d'habitants, et de très faibles ressources financières), et même avec celui d'un Cameroun qui apparaît en situation intermédiaire en matière de développement et de peuplement (16 millions d'habitants). Sur le rivage du Sahara, au coeur d'un Sahel durement frappé par la dégradation pluviométrique des dernières décennies, le lac Tchad apparaît comme un véritable oasis. Or, la sécheresse des années 1970-80 y a considérablement accru les pressions sur les ressources en eau, en poissons, en pâturages, en terres inondables ou irrigables. Ces espaces sont en effet devenus attractifs, notamment parce que la sécheresse y a élargi certains bons terroirs. Cet intérêt dans les zones humides du bassin tchadien est récent: les sociétés qu'elles abritent n'y avaient développé par elles-mêmes ni de fortes densités, ni de grands aménagements. Curieusement, l'eau ne fournit jusqu'à présent guère matière à conflit. Elle est au mieux un théâtre, une dimension de tensions ethniques qui s'enracinent loin en amont de l'histoire, et s'animent à travers une instrumentalisation politique contemporaine plus souvent interne que dirigée contre les États voisins. Pour réguler l'accès et l'usage de ses eaux, les États riverains du lac se sont dotés d'une institution commune, La Commission du bassin du lac Tchad (CBLT). Il n'empêche: la valeur croissante des hydrosystèmes du bassin tchadien, de même que le partage de l'hydrographie entre États ou entre groupes humains, confère une charge conflictuelle latente aux questions d'accès à l'eau. Ainsi, la gestion des eaux du bassin tchadien pourrait constituer un enjeu fondamental. Si des difficultés financières ont mis en sommeil de grands aménagements, le partage équitable de l'eau et des terres riveraines entre États, garantissant à la fois une augmentation de la production agricole et la préservation du milieu, apparaissent comme des questions majeures à l'horizon des prochaines décennies. Il s'agit ici de se demander comment les tensions multiformes (écologiques, foncières, politiques) qui se révèlent autour de l'utilisation de l'espace lacustre pourraient combiner la réactivation d'anciens clivages géopolitiques avec une situation nouvelle, marquée par une croissance démographique rapide dans un contexte d'insécurité climatique grandissante au Sahel.

Classification Agris : E10 - Économie et politique agricoles

Auteurs et affiliations

  • Magrin Géraud, CIRAD-TERA-REV (SEN)

Autres liens de la publication

Source : Cirad - Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/532541/)

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