Malézieux Eric.
2007. Les systèmes agroforestiers : une solution pour et par une gestion durable de la biodiversité ?.
In : L'intensification écologique : du concept au terrain, quelles démarches de recherche mettre en oeuvre ?. CIRAD
Résumé : Les fonctions économiques et sociales de l'agriculture restent importantes dans les sociétés du Nord comme du Sud, mais dans un contexte qui a aujourd'hui profondément évolué. Dans les pays du Sud, la fonction nourricière de l'agriculture - et son rôle économique et social associé-demeure au centre des préoccupations premières de la majeure partie de la société. Dans le même temps, la pression accrue sur les ressources naturelles, qui occasionne pollutions diverses et pertes de biodiversité, oblige souvent à revoir les modes de gestion actuels de ces ressources naturelles, souvent non durables. La question de la biodiversité a renforcé et donné une dimension supplémentaire au débat. La création d'espace pour la vie sauvage dans les territoires agricoles est ainsi également souvent devenu un objectif en soi. A l'inverse des écosystèmes naturels dont la grande majorité associent strates herbacées et strates arborées, l'immense majorité des systèmes cultivés intensifiés ne comprennent qu'une seule strate de végétation, et beaucoup sont monospécifiques. Au contraire, les systèmes agroforestiers sont des systèmes cultivés qui incorporent une diversité spécifique et fonctionnelle souvent élevée, en particulier dans les zones tropicales humides. Ces systèmes se distinguent des systèmes de culture spécialisés par 3 aspects essentiels: (i) leur fonctionnement est basé sur des relations interspécifiques (compétition, facilitation); (ii) ils offrent une biodiversité constitutive élevée; (iii) ils produisent une multiplicité de produits et de services environnementaux. En zone tropicale, les systèmes agroforestiers traduisent une stratégie de gestion des ressources naturelles permettant de concilier a priori le développement agricole et les impératifs de conservation du sol, de l'eau, du climat local et régional, de la biodiversité. Ces pratiques, qui correspondent à un ensemble diversifié de systèmes de culture, jouent ainsi un rôle économique et social déterminant dans de nombreuses régions du monde, mais également un rôle écologique important, en particulier vis-à-vis de la biodiversité. A titre d'exemple, les cacaocultures sous ombrage d'Amérique centrale recouvrent une diversité élevée de plantes cultivées ou spontanées, refuge et habitat de nombreuses espèces végétales et animales, jouant ainsi un rôle déterminant dans le maintien de la biodiversité dans des zones sensibles. Au plan social, la multiplicité des sources de revenu ou de services (bois, pharmacopée, cueillette, chasse, protection climatique, limitation des pertes en nitrate, paysage, protection contre l'incendie, etc.) offertes par les systèmes agroforestiers constitue souvent un facteur de stabilité important. Cela permet également de compenser l'instabilité des cours des produits agricoles (cas des produits tropicaux comme le café ou le coprah). On peut par ailleurs faire l'hypothèse que la diversité biologique constitutive des systèmes agroforestiers constitue l'une des clés de la durabilité de ces systèmes. La composition multispécifique intrinsèque des systèmes agroforestiers en fait en effet des systèmes particulièrement adaptés à l'analyse des relations entre diversité biologique et fonctionnement d'un écosystème: quelle est la relation entre diversité et fonction ? Quels sont les groupes fonctionnels essentiels ? Comment l'homme pilote-t-il ces groupes et pour quel(s) objectif(s)? Ces questions sont aujourd'hui centrales lorsque l'on aborde l'intensification ou à la dés-intensification des agrosystèmes. Le questionnement va donc bien au-delà de la question maintenant classique pour les agronomes de l'impact des systèmes de culture sur la biodiversité en tant que ressource, il porte sur la rôle de la diversité biologique dans la stabilité et la résilience du système, et sur la capacité de l'homme à gérer cette diversité. La communication développera ces questions à partir d'exemples conduits en zone tropicale humide, en particulier au Costa Rica, au Cameroun et e
Classification Agris : P01 - Conservation de la nature et ressources foncières
F08 - Systèmes et modes de culture
K01 - Foresterie - Considérations générales
Auteurs et affiliations
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Malézieux Eric, CIRAD-PERSYST-UMR SYSTEM (FRA)
ORCID: 0000-0002-5706-9610
Autres liens de la publication
Source : Cirad - Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/553524/)
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