Perrotton Arthur. 2015. Conduite du bétail et coexistence entre les aires protégées et leurs périphéries : une approche participative. Montpellier : Université de Montpellier, 178 p. Thèse de doctorat : Ecologie, évolution, ressources génétiques, paléontologie : Université de Montpellier
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Version publiée
- Anglais
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Titre anglais : Cattle herding and coexistence between protected areas and their peripheries: a participatory approach
Encadrement : McKey, Doyle ; De Garine-Wichatitsky, Michel
Résumé : Le fait qu'Homme et environnement sont les éléments de systèmes complexes et dynamiques est aujourd'hui largement accepté. Des cadres théoriques ont été développés pour étudier ces systèmes, et au cours de notre travail nous avons adopté celui des Systèmes Socio-Ecologiques (SSE). La pluralité des acteurs vivant au sein d'un SSE amène logiquement à la question de la coexistence entre ceux-ci. En effet, différents acteurs ont souvent des objectifs différents reposant sur des représentations de l'environnement, des pratiques et des systèmes de valeur différents. S'ils collaborent et obtiennent des bénéfices de la coexistence, force est de constater que les situations de conflit sont nombreuses de par le monde. Aujourd'hui, 15 % des terres émergées mondiales sont "protégées" d'une manière ou d'une autre. Conflits homme/faune, prédation du bétail, pertes agricoles, braconnages divers, la liste des tensions entre aires protégées africaines et leurs périphéries est longue. Ces conflits peuvent être vus comme des "problèmes pernicieux", caractérisés par la présence simultanée de valeurs culturelles divergentes et de nombreuses incertitudes sociales ou scientifiques. Là où le paradigme classique, positiviste, invite les chercheurs à chercher une vérité objective et absolue, les sciences "post-normales" (SPN) abordent la réalité comme le résultat d'une construction sociale, et reconnaissent donc l'existence d'une pluralité de réalités. La participation d'acteurs locaux dans nos démarches scientifiques permet de prendre en compte ces réalités. Cette thèse est focalisée sur les interactions entre la Foret de Sikumi (FS), une aire protégée zimbabwéenne, et les communautés rurales vivant à sa périphérie. Nous nous sommes intéressés aux tensions liées aux pratiques de conduite du bétail. Les communautés rurales vivant dans notre zone d'étude disposent d'un droit d'accès légal pour emmener leurs animaux paitre dans la forêt, et bien que villageois et gestionnaires de l'aire protégée trouvent des bénéfices dans cet accord, aucun n'est réellement satisfait et des inquiétudes et désaccords sont exprimés de part et d'autre. Nous retrouvons là les caractéristiques des problèmes "pernicieux" : difficulté à identifier le problème de manière définitive ; incertitudes scientifiques et sociales ; valeurs culturelles conflictuelles et liens avec d'autres problèmes. Pour comprendre et modéliser les interactions entre acteurs à travers la conduite du bétail, nous avons mis en place un processus de modélisation d'accompagnement (ComMod). Nous avons co-construit un outil de recherche participatif sous la forme d'un Jeu de Rôle (JdR) nous permettant d'étudier les stratégies locales de conduite du bétail. Plusieurs étapes ont été nécessaires : observation directe de ces pratiques ; création d'une équipe de co-constructeurs mêlant chercheurs et membres des communautés rurales ; co-construction en tant que telle au travers d'ateliers itératifs. Trois ans après le commencement de cette thèse, nous disposons d'un JdR opérationnel. Nos travaux montrent comment l'utilisation d'environnements virtuels permet aux chercheurs de s'extraire du paradoxe majeur des problèmes pernicieux : toute action modifie le système et donc le problème, sans jamais le régler. La participation d'acteurs locaux nous a permis de redessiner une vision commune des incertitudes sociales et scientifiques au travers de processus de négociation. Nous montrons comment le résultat de notre effort collectif dépasse les ambitions premières et la manière dont le chercheur doit nécessairement perdre en partie le contrôle de l'objet construit au profit des partenaires locaux. Nos travaux fournissent des éléments pour la formalisation d'approches visant à construire des modèles empiriques. Finalement, nous exprimons notre conviction que des approches comme la nôtre sont pertinentes dans le cadre de la gestion des aires protégées, particulièrement avec l'émergence des parcs transfrontaliers en Afrique australe.
Résumé (autre langue) : It is now widely accepted that human beings and their environment are intertwined parts of a complex and dynamic system. Several analytical frameworks have been developed to study these systems, and in this work we adopted the Social-ecological System (SES) framework. The plurality of actors within a SES brings with it the question of coexistence. Indeed, the different actors sharing common resources do not always have the same objectives, practices and cultural values. While the different actors can collaborate and produce positive outcomes, there are many examples of land use conflicts around protected areas throughout the world. About 15 percent of the world's terrestrial area has some kind of protected status. Human-wildlife conflicts, crop raiding, livestock predation, poaching, illegal harvesting of natural resources, the list of conflictual issues taking place at the edges of African protected areas is long. These issues are “wicked” problems, characterized by scientific uncertainties, by conflicting cultural values and by interconnections with other problems. While the positivist paradigm charges researchers to discover an objective truth (even though they realize that single truths and single solutions do not exist), the constructivist approach of post-normal science (PNS) assumes that reality is socially constructed, and studying and addressing wicked problems therefore requires insights on local stakeholders' perspectives. In this PhD study we focused on interactions between the Sikumi Forest (SF), a Zimbabwean protected area, and the rural communities living at its periphery. More particularly, we focused on the tensions related to cattle-herding practices. Rural communities have legal access to the forest, but although communities and Sikumi Forest managers both get benefits from the agreement, none is fully satisfied and concerns are expressed on both sides. The situation shows characteristic of wicked problems: the difficulty to frame a precise problem; great uncertainties about the studied SES; incomplete scientific knowledge; competing cultural values and objectives; and interconnection of the issue of coexistence with other problems. In order to understand and ultimately simulate cattle-related interactions between rural communities and the protected area, we implemented a companion modeling (ComMod) approach. We co-designed a participatory research tool taking the form of a role-playing game (RPG) enabling us to elicit cattle-herding strategies. Several steps were necessary, including intensive ethnographic fieldwork, the creation of a co-design team involving researchers and members of the local communities, and the conducting of several iterative workshops. Three years after the beginning of this PhD study, we succeeded in producing an operational RPG that was used with naïve villagers (i.e., villagers who were not involved in the co-design). This PhD thesis shows how the use of virtual worlds (RPG) allows researchers to cope with the catch-22 of wicked problems, i.e., that any action transforms the context and potentially brings more problems. The co-design of the research tool allows us to deal with one of the major characteristics of wicked problems: uncertainties. In the participatory design of the RGP, uncertainties were collectively reduced and negotiated. Participation led to the appropriation of the co-designed object by local actors. As a result, our project went beyond the initial ambitions to produce a multi-dimensional tool, of which we necessarily lose control. Finally, our work allows us to propose elements for the formalisation of empirically-based modelling. In a wider perspective, we believe that with the emergence of Transfrontier conservation in Africa, participatory approaches like ours can provide alternative ways to study and manage coexistence between protected areas and their peripheries.
Mots-clés Agrovoc : bétail, conduite d'élevage, approche participative, analyse de système, zone protégée, parc national, forêt, communauté rurale, participation communautaire, pâturages, droit d'accès, gestion des ressources, méthodologie, système de valeurs, modèle
Mots-clés géographiques Agrovoc : Zimbabwe
Mots-clés complémentaires : Jeu de role, Relation agriculture-élevage
Classification Agris : L02 - Alimentation animale
L01 - Élevage - Considérations générales
E51 - Population rurale
U30 - Méthodes de recherche
Champ stratégique Cirad : Axe 1 (2014-2018) - Agriculture écologiquement intensive
Auteurs et affiliations
- Perrotton Arthur, CIRAD-ES-UPR AGIRs (FRA) ORCID: 0000-0001-5338-021X
Autres liens de la publication
Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/581784/)
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