Beaurepaire Sophie. 2018. Etude des modes d'approvisionnement en semences des exploitations agricoles du bassin arachidier au Sénégal. Paris : AgroParisTech, 59 p. Mémoire de master 2 : Agrosciences, environnement, territoires, paysage, forêt : AgroParisTech
|
Version publiée
- Français
Utilisation soumise à autorisation de l'auteur ou du Cirad. MemoireM2_Beaurepaire_Sophie.pdf Télécharger (1MB) | Prévisualisation |
Encadrement : Labeyrie, Vanesse ; Faye-Mané, Ndeye Fatou
Résumé : A l'heure où les agroécosystèmes font faces à des changements environnementaux, sociaux-écono-miques et politiques globaux d'une envergure sans précédent, la caractérisation et la conservation de la diversité des plantes cultivées représentent des enjeux majeurs. La diversité des plantes cultivées, correspondant à l'ensemble des ressources génétiques des espèces végétales cultivées, a en effet subi une érosion spectaculaire depuis le siècle dernier. Cette perte de diversité menace non seulement la sécurité alimentaire mondiale, mais aussi la résilience des agroécosystèmes. Les politiques de développement agricole en Afrique de l'Ouest et les cadres réglementaires associés visent à soutenir l'expansion de systèmes semenciers centralisés, au détriment des réseaux locaux de vente, de don, et d'échange de semences. Or l'élimination de ces réseaux locaux représente un risque pour la résilience des agroécosystèmes. D'une part, cela restreint l'accès qu'ont les agriculteurs à une diversité de ressources génétiques, leur permettant de répondre à une diversité de besoins et de conditions de culture locales. D'autre part, la flexibilité dans les modes d'approvisionnement en semence est alors limitée. Le Sénégal met actuellement en oeuvre des programmes de soutien aux filières semencières officielles, dans ce contexte cette étude vise à caractériser la diversité et les déterminants des modes d'approvisionnement en semences des exploitations agricoles familiales sénégalaises, dans la zone du bassin arachidier. Ce stage visait à répondre à la problématique suivante: dans quelle mesure les moyens de production des ménages ont-ils une influence sur leurs modes d'approvisionnement en semences ? Les moyens de production sont ici définis comme regroupant le capital fixe (main d'oeuvre, matériel agricole, animaux de traits et terres) et le capital variable (engrais et pesticides). Les trois hypothèses suivantes ont été posées : - Les ménages s'approvisionnent auprès d'une diversité de sources de semences, quels que soient leurs moyens de production - Plus les ménages ont des moyens de production importants, plus ils ont recours à des sources de semences certifiées - Certaines espèces et variétés sont associées à certains canaux d'approvisionnement particuliers Des enquêtes réalisées auprès de 43 exploitations dans deux villages adjacents, peuplés respectivement par les ethnies Socé et Peulh, ont permis de collecter des informations relatives à l'organisation et au fonctionnement global des exploitations, aux assemblages d'espèces et variétés cultivés par les hommes et les femmes, aux types et sources de semences utilisées et leurs usages associés. Ces exploitations ont été échantillonnées afin de représenter la diversité des moyens de production des exploitations de la zone. Les résultats montrent que les exploitations agricoles de la zone peuvent être classées en trois groupes en fonction de leurs moyens de production : exploitations disposant de peu de moyens de production, exploitations intermédiaires et exploitations avec des moyens de production conséquents. Les sources d'approvisionnement en semences dans la zone sont diverses : étatiques, famille ou amis, marchés locaux, boutiques, projets de développement, coopératives, etc. Cette diversité de sources est maintenue quels que soient les moyens de production des ménages, et est essentielle au fonctionnement des exploitations agricoles familiales de la zone. Malgré les efforts mis en oeuvre par l'état et les bailleurs de développement pour développer les filières semencières certifiées, notamment via la mise en place de coopératives, les canaux d'approvisionnement paysans, non-officiels, restent dominant et assurent la circulation des variété paysannes et issues de la recherche. Ce travail met en évidence un décalage entre les politiques publiques sénégalaises, qui visent à centraliser le système semencier, et les pratiques locales de gestion des semences, reposant sur des canaux variés d'approvisionnement en semences et des réseaux complexes de circulation de semences. Dans le cadre du projet CoEx, les applications de ce travail contribueront à construire des politiques de développement agricole et d'encadrement mieux adaptées aux besoins des exploitations familiales en Afrique. Les politiques agricoles doivent faire preuve de flexibilité et laisser aux paysans la possibilité de s'approvisionner en semence auprès de multiples sources.
Résumé (autre langue) : As we are starting to realize how deep the impacts of global changes (environmentally, socially and economically) are on the agroecosystems, characterizing and conserving crop diversity have received in-creased interest. Crop diversity, referring to the genetic resources of all the cultivated species, is being lost at an alarming rate, threatening global food security and agroecosystems resilience. Agricultural policies and regulatory frameworks in West Africa are building centralized seed systems, at the expense of the local seed sharing networks. The elimination of local networks is a threat to the resilience of agroecosystems. On one side, it limits farmers' access to a diversity of genetics resources that enable them to adapt to a diversity of needs and local crop growing conditions. On the other side, the flexibility of seed channels is reduced. The Senegalese government is currently implementing programs to support private commercial seed and formal sector input companies. In this context, our study aims at characterizing the diversity and drivers of seed sources in the family farms of the peanut basin of Senegal. The research question was the following: to what extent do the means of production of farmers influence their seed supply channels? The means of production included in the study are the fixed capital (workforce, farm equipment, draught animals and land), as well as the inputs (fertilizers and pesticides). Three hypothesis were made : - Farmers derive seeds from a variety of channels, whatever their means of production are. - The more means of production farmers have, the more they use certified seed channels. - Some species and varieties are associated with specific seed channels. We conducted surveys in 43 farms in two neighboring villages, one being populated by the ethnic group of Mandinka, and the other Fulani. Data were collected on the farm organization, the cultivated varieties of the main crop species by men and women, as well as seed types, sources and uses. We used a sampling method representing the diversity of the means of production of the farms in the study area. Our results showed that farms in the study area can be classified in three groups according to their means of production: farms with little means of production, average ones, and farms with substantial means of production. Seed supply networks used by farmers in our study area involve multiple actors and sources of diversity, as family or friends, local markets and shops, research institutes or international development projects, farmers' organizations, etc. This diversity of seed sources is not influenced by farmers' means of production and is essential for the stability of their farm. Despite the efforts deployed by the state and development donors to develop the so-called formal, market-oriented seed system, particularly with the creation of cooperatives, farmers still derive most of their seeds from the so-called informal, farmers' seed system, which conveys both improved and traditional varieties. This study highlights the discrepancy between the Senegalese public policies aiming at building a centralized seed system, and local seed management practices, relying on complex seed supply channels. Within the CoEx research project, this work will contribute to build agricultural development policies that better account for the needs of family farms in Africa. Agricultural policies must be flexible and let farmers access seeds through a wide range of seed channels.
Mots-clés libres : Agrobiodiversité, Agriculture familiale, Sénégal
Auteurs et affiliations
- Beaurepaire Sophie, AgroParisTech (FRA)
Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/592480/)
[ Page générée et mise en cache le 2024-11-07 ]