Contribution à l'évaluation socio-économique de la ressource "oiseaux d'eau". Rapport technique " Suivi des prélèvements par la chasse vivrière et la chasse commerciale locale au lac Fitri en vue de l'estimation de la durabilité des prélèvements "

Le Bel Sébastien, Deniau Christophe, Koumbrait Audrey Mbagogo, Betoloum Reounodji Maxime. 2022. Contribution à l'évaluation socio-économique de la ressource "oiseaux d'eau". Rapport technique " Suivi des prélèvements par la chasse vivrière et la chasse commerciale locale au lac Fitri en vue de l'estimation de la durabilité des prélèvements ". Montpellier : CIRAD, 38 p.

Résumé : Acteurs impliqués dans le prélèvement des oiseaux d'eau (OE) du lac Fitri Avec le concours des autorités du lac Fitri, une centaine de pêcheurs ont été interviewés en janvier-février et leurs prélèvements d'OE ont fait l'objet d'un suivi de mars à juin 2021 avec des carnets de prélèvement. Pluriactifs, pratiquant l'agriculture comme activité principale, ces pécheurs-chasseurs se caractérisent par une forte mobilité liée aux pratiques de pêche à la palangre. Espèces d'OE prélevées au lac Fitri Sur la trentaine d'espèces prélevées, la part des OE migrateurs afro-tropicaux (AT) prédomine (80%) avec 3 espèces majoritairement ciblées : le Cormoran africain, le Dendrocygne veuf et l'Oie-armée de Gambie. La part des OE migrateurs paléarctiques passe par un pic en mars (11 espèces) puis régresse avec 4 espèces citées en juin. La Grue couronnée, espèce vulnérable, est soumise à un prélèvement faible de quelques individus par mois. La fréquence de prélèvement est faible avec en moyenne 3 parties de chasse par mois. Les OE capturés sont majoritairement destinés à l'autoconsommation (90%). Un quart des " chasseurs " est responsable des 2/3 des prélèvements indiquant l'existence d'une minorité de pêcheurs qui font de la chasse aux OE une activité majeure. Sur les 17 campements de pêche, Doubounoro et Rodogo se distinguent par un niveau de prélèvement élevé mais destiné à l'autoconsommation. Quantité saisonnière des prélèvements d'OE au lac Fitri Toutes espèces confondues, l'effectif global d'OE prélevés mensuellement par les répondants se chiffre à un millier d'OE en mars, augmente en avril pour atteindre 1 570 OE en juin. Le tableau de chasse moyen mensuel par chasseur est de 11 OE en mars, augmente de manière quasi linéaire avec 14 OE en avril pour atteindre 19 OE en juin. La contribution des AT reste prépondérante avec en moyenne 79% des effectifs de mars à juin. Les dynamiques de prélèvement des trois espèces les plus ciblées varient de mars à juin : diminution pour le Cormoran africain (21 vs. 8%), augmentation pour le Dendrocygne veuf (15 vs. 33%) et l'Oie armée de Gambie (6 vs. 17%). En posant l'hypothèse que l'ensemble des pêcheurs du lac Fitri utilisant des palangres capturent des OE mais que l'intensité de leur activité de pêche diminue de mars à juin, un peu moins de cent mille OE toutes espèces confondues auraient été capturés entre mars et juin 2021. Sur cette période, l'estimation des captures serait de 10 000 Oies de Gambie, 12 000 Cormorans africains et 20 000 Dendrocygnes veufs ; ces valeurs sont moins élevées que celles de l'étude exploratoire de 2017-2018. Contribution des OE à la couverture des besoins alimentaires des populations du lac Fitri La biomasse animale des captures d'OE de mars à juin est évaluée à 6 tonnes. Par chasseur la quantité prélevée augmente de 16 à 32 kg entre mars et juin 2021, et couvrirait le quart des besoins individuels mensuels en protéines animales en mars, un tiers en avril et la moitié en juin. Environ 700 OE ont été rejetés donc perdus pour la consommation, car capturés morts ce qui représente une perte de 12% de la biomasse animale cumulée de mars à juin 2021. Recommandations L'exploitation des OE au lac Fitri n'étant pas un phénomène saisonnier, le suivi mensuel à l'aide de carnets de prélèvement est à pérenniser pour couvrir le cycle annuel des saisons et confirmer l'importance du prélèvement des AT. L'existence de pêcheurs aux pratiques de pêche distinctes interroge sur leurs rôles dans les captures accidentelles ou ciblées des OE. Une typologie des acteurs et des pratiques de pêche est recommandée pour comprendre la superposition des zones de pêche et de chasse et identifier les pratiques de pêche induisant de captures accidentelles ou ciblant certaines espèces d'OE. Enfin, un suivi des principaux débarcadères permettrait de corroborer l'estimation des prises ramenées à terre avec celle fournie par les carnets de prélèvement. Afin de caractériser la filière OE du lac Fitri, il faudrait actualiser le plan de gestion des données de l'étude de consommation et le faire mettre en oeuvre par l'équipe en charge du suivi mensuel par carnet.

Résumé (autre langue) : Stakeholders involved in the Lake Fitri waterbirds (WB) harvest With the support of lake Fitri local authorities, about 100 fishermen were interviewed in January-February and their WB catches were monitored from March to June 2021 with notebooks. These fishermen-hunters are conducting a range of activities, practicing agriculture as their main activity, and are characterised by a high degree of mobility linked to fishing practices with longlines. WB species caught in Lake Fitri Of the thirty of WB species caught, the portion of Afro-tropical migratory WB (AT) predominates (80%) with 3 species being mainly targeted: the Long-tailed cormorant, the White-faced whistling duck and the Spur-winged goose. The share of Palaearctic migratory WB peaks in March (11 species) and then declines with 4 species mentioned in June. The Black crowned crane, a vulnerable species, is subject to a low harvest of a few individuals per month. The frequency of hunting is low, with an average of 3 hunts per month. The majority of the WB taken are for self-consumption (90%). A quarter of the "hunters" are responsible for 2/3 of the catches, indicating the existence of a minority of fishermen who make hunting of WB a major activity. Of the 17 fishing camps, Doubounoro and Rodogo stand out as having a high level of harvesting but for self-consumption. Seasonal quantity of WB harvesting in Lake Fitri Taking all species together, the overall number of WB taken by respondents each month was around 1,000 in March, increasing in April to 1,570 WB in June. The average monthly harvest per “hunter” was 11 WB in March, increasing almost linearly to 14 WB in April and reaching 19 WB in June. The contribution of the AT remains predominant with an average of 79% of the numbers from March to June. The harvest dynamics of the three most targeted species varies from March to June: decrease for the African cormorant (21 vs. 8%), increase for the White-faced whistling duck (15 vs. 33%) and the Spur-winged goose (6 vs. 17%). Assuming that all lake Fitri longline fishermen catch WB but that the intensity of their fishing activity decreases from March to June, we estimate about 100,000 WB of all species been caught between March and June 2021. For the same period, estimation of catches would be about 10,000 Spur-winged geese, 12,000 Long-tailed cormorants and 20,000 White-faced whistling ducks; these values are lower than those from the 2017-2018 exploratory study. Contribution of WB to the food needs of the Lake Fitri population The animal biomass of WB captured from March to June is estimated at 6 tonnes. Per hunter the harvest increases from 16 to 32 kg between March and June 2021, and would cover a quarter of individual monthly animal proteins requirements in March, a third in April and half in June. Approximately 700 WB were discarded and therefore lost for consumption, because they were caught dead, which represents a loss of 12% of the cumulative animal biomass from March to June 2021. Recommendations As the catch of WB in the Fitri lake is not a seasonal phenomenon, monthly monitoring using notebooks should be made permanent to cover the annual cycle of seasons and confirm the importance of the harvesting of AT. The existence of fishermen with different fishing practices raises questions about their role in the incidental or targeted capture of WB. A typology of actors and fishing practices is recommended in order to understand the overlap between fishing and hunting zones and to identify fishing practices that lead to incidental catches or that target some WB species. Lastly, monitoring of the main landing sites would make it possible to corroborate the estimate of catches brought ashore with the one provided by the notebook monitoring system. In order to characterize the Fitri lake WB value chain, the data management plan for the consumption study should be updated and implemented by the team in charge of the monthly monitoring of WB catches.

Mots-clés libres : Oiseaux sauvages, Viande de brousse, Pecheurs, Tchad, Lac Fitri, Projet RESSOURCE

Auteurs et affiliations

• Le Bel Sébastien, CIRAD-ES-UPR Forêts et sociétés (FRA)
• Deniau Christophe, CIRAD-ES-UPR Forêts et sociétés (GAB)
• Koumbrait Audrey Mbagogo, FAO (THA)
• Betoloum Reounodji Maxime, FAO (AFG)

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/603023/)

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