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Les pâturages naturels en milieu tropical humide : cas de la Côte d'Ivoire

César Jean. 1987. Les pâturages naturels en milieu tropical humide : cas de la Côte d'Ivoire. Maisons-Alfort : CIRAD, 54 p.

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Résumé : Les pâturages naturels en milieu tropical humide : cas de la Côte d'Ivoire À l'échelle du pays, le disponible fourrager naturel est largement excédentaire. Cependant, il existe des régions où même en saison des pluies, le manque d'herbe est le facteur qui limite le développement de l'élevage bovin. On peut penser que dans ces régions la culture fourragère serait un moyen de pallier à la mauvaise alimentation des animaux. Il faut savoir toutefois, que ce n'est pas toujours sur les terroirs où les disponibilités en herbe sont les plus grandes que les animaux sont les mieux nourris ; bien au contraire, les difficultés naturelles contraignent souvent les bouviers à mieux gérer leurs pâtures et c'est dans les conditions limites que l'on trouve les meilleurs exemples de gestion de pâturages (39-43). Hoffmann a établi la carte des circuits de pâture et celle des zones d'attribution des pâtures dans la région de Doroppo en pays Lobi (39). Cette région à forte densité de bétail témoigne d'une organisation poussée du système pastoral. C'est par contre dans les régions où les savanes sont les moins exploitées que l'on trouve les plus beaux exemples de dégradation. On peut distinguer trois causes d'une mauvaise alimentation : manque de savane - il n'y a pas suffisamment d'herbe, même en saison des pluies. Ce cas est rare. Généralement il s'agit de village à proximité de grande ville (Lophiné) (6-7). Il n'y a pas d'autre solution que d'intensifier l'élevage bovin. Les cultures fourragères semblent indispensables pour la survie de cet élevage, mais il est vraisemblable qu'on ne pourra les rentabiliser qu'au moyen de spéculations nouvelles (lai.t, animaux croisés ? embouche courte ?). Ici, l'élevage devra se transformer pour survivre ; manque de pâtures exploitables. Les savanes sont en quantité suffisante, au moins en saisons pluies. L'herbe existe mais elle est inaccessible à cause de la dispersion des cultures. Ce sont des régions où les dégâts aux cultures sont fréquents. Le plus souvent, la densité de population est élevée, de même que la densité de cultures. Les contraintes apparaissent surtout en fin de saison des pluies ; mauvaise gestion. Les pâtures existent et sont accessibles. Le bouvier n'y va pas pour des raisons parfois valables mais indépendantes de l'herbe (parasitisme ; disponibilité en temps, vente de lait, problèmes sociaux). Il serait illusoire de penser que des cultures fourragères pourraient améliorer l'élevage dans une région où l'herbe est excédentaire et où le mauvais état des troupeaux provient simplement d'une mauvaise gestion des pâtures naturelles. Contrairement à ce que l'on pense généralement, les cultures fourragères sont plus fragiles et plus délicates à gérer que les pâturages naturels. Elles exigent un niveau technique plus grand de la part de l'exploitant. Les pâturages naturels supportent de graves erreurs de gestion, voire l'absence totale de gestion surtout lorsque la charge n'est pas excessive. Parmi les plantes fourragères, les légumineuses sont toujours beaucoup plus fragiles ; les graminées peuvent être considérées comme aussi résistantes à condition qu'elles soient régulièrement fertilisées ; mais même dans ce cas, une gestion rationnelle s'impose si l'on veut bénéficier de l'avantage de la culture temps de repos, âge des repousses au-delà duquel la plante n'a pas une valeur alimentaire supérieure à la savane. En savane, les animaux choisissent espèces et stade de développement. Avec une culture, c'est l'éleveur qui doit choisir et se maintenir constamment entre le sous-pâturage (herbe de mauvaise qualité) et le surpâturage (dégradation). Or les cultures fourragères sont vite en surcharge lorsqu'elles sont clôturées. Il s'ensuit qu'un éleveur qui ne possède pas les connaissances suffisantes pour gérer son troupeau sur pâturage naturel aura beaucoup de mal à utiliser correctement sa culture fourragère. Introduire des cultures fourragères dans de telles conditions ne peut aboutir qu'à un échec et à discréditer la culture fourragère dans l'esprit des paysans comme dans celui des organismes de développement. Quelles sont alors les régions où les cultures fourragères peuvent se justifier ? Ce sont essentiellement les zones à forte densité de population et par conséquent à forte activité agricole - où les pâtures sont, si non insuffisantes, du moins difficilement exploitables. En Côte d'Ivoire, on peut indiquer trois régions la zone dense autour de Korhogo, le pays Lobi, particulièrement le secteur de Doropo, quelques gros villages du nord de Boundiali : Gbon, Kouto, Kolia, Kasséré. Cependant, même dans ces zones, il est difficile de rentabiliser la culture fourragère par l'élevage de type traditionnel. Les cultures fourragères trop coûteuses devront être limitées en surface et réservées aux animaux qui la valorisent le mieux : vaches laitières ou allaitantes (7), veaux au sevrage, saison de monte (33) etc. La complémentation par sous-produits agro-industriels (graines et tourteau de coton-mélange mélasse-urée) est souvent une solution plus simple, dans la mesure des disponibilités locales. Mais en définitif, il faut surtout savoir la principale contrainte au développement rapide de l'élevage n'est donc pas tellement d'ordre technique mais plutôt sociologique ou psychologique. Une nouvelle notion, la gestion du troupeau, (on peut ajouter aussi celle des pâtures) doit être introduite et développée chez les éleveurs.

Auteurs et affiliations

  • César Jean

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/606591/)

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