Girard Philippe. 1987. Projet aménagement forestier et reboisement industriel (Afri). Compte rendu de mission d'appui en carbonisation au volet reboisements industriels. Montpellier : CIRAD, 37 p.
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Résumé : Le charbon de bois produit actuellement par le projet Afri correspond à un charbon de bonne qualité qui doit pouvoir capter une part du marché de Lomé. Cependant, le charbon de forêt naturelle restera toujours le meilleur s'il est produit à partir d'essences sélectionnées comme l'Anogeissus, le Karité ou les Pterocarpus. La rapidité de la combustion des charbons d'Eucalyptus devrait être très rapidement maîtrisée par les ménagères dont le savoir-faire est important. L'analyse des résultats obtenus au cours de cette mission met très nettement en évidence les avantages du tereticornis par rapport au torelliana. En effet : le tereticornis conduit à un rendement de carbonisation supérieur d'environ 20% ; il donne un charbon de bois de meilleure qualité notamment au niveau de la densité (environ 20%) qui est le principal critère de qualité retenu par les consommateurs. Ses caractéristiques l'apparentent à un charbon traditionnel de qualité moyenne. Les résultats précédents sont obtenus sur des bois enstérés sur coupe et carbonisés après deux mois de séchage. Cette phase de séchage est absolument indispensable. L'influence de l'âge des bois sur la densité des charbons correspondants semble faible quand on passe d'une exploitation à 4 ans à une exploitation à 8 ans. Sur une si courte période, la conduite de la carbonisation, la nature du sol notamment joue un rôle beaucoup plus déterminant. L'augmentation de la durée des rotations dans ce seul but ne se justifie pas, compte tenu des contraintes importantes qu'elle impose au niveau financier notamment. La carbonisation en meule traditionnelle permet d'obtenir des résultats très satisfaisants au niveau des rendements et de la qualité du charbon. Cette technique si elle est bien maîtrisée offre le gros avantage de ne nécessiter aucun investissement. Elle conduirait cependant à multiplier par deux le nombre des charbonniers et donc à augmenter le prix du charbon ou à réduire le revenu des charbonniers. La généralisation de l'emploi de la meule augmenterait en outre les frais d'encadrement et de surveillance, les risques d'incendie et de destruction de souches. La technique de la meule casamançaise ne présente pas d'intérêt dans le cas particulier du projet Afri car elle augmente considérablement les besoins en personnel. Elle n'a pas donné de meilleurs résultats que ceux obtenus en meule traditionnelle. Elle présente cependant l'avantage de raccourcir le cycle de carbonisation et de permettre la récupération des goudrons. La commercialisation du charbon a débuté sur 86-87 et la demande semble avoir augmenté sur le deuxième trimestre 87. Si cette tendance se confirmait, il se r ait vive ment souhaitable de continuer l'exploitation, voire même de l'étendre sur 87-88 afin de fidéliser et d'augmenter la clientèle avant la mise en exploitation des grandes surfaces et la distribution brutale et massive de quantités importantes de charbon. Les recherches conduites par la Division préservation du CTFT ont permis de mettre en évidence le rôle très positif des goudrons sur la préservation des bois. La récupération de ces derniers à partir de petits aérocondenseurs placés sur les cheminées des fours pourrait être envisagée et testée sur le projet. La mise en chantier de la totalité des fours devra impérativement être précédée d'une formation préalable des charbonniers tâcherons afin de permettre une meilleure montée en production et surtout d'éviter les détériorations des fours qui ont pu être observées par les responsables du projet Afri lors du démarrage de l'activité carbonisation. Dans les conditions actuelles de marché, les aspects économiques élaborés dans le chapitre 3 ne permettent pas d'envisager la rentabilité économique de la production du charbon de bois à partir d'Eucalyptus du projet Afri. Sans intervention étatique forte, il est peu probable que la situation ne s'inverse, en effet : en forêt naturelle, le bois est collecté gratuitement (pratiquement sans contrepartie pour l'État) ; les cours sont établis en fonction de l'offre et de la demande et ne prennent pas en compte la rémunération intégrale de la main d'oeuvre ; il n'y a pas pénurie de bois au Sud Togo, mais cela se traduit par une altération irréversible des formations ligneuses existantes. Lomé étant toujours approvisionné en charbon dans d'assez bonnes conditions, le charbon d'Eucalyptus sera très fortement concurrencé par la filière traditionnelle et la situation risque de se traduire par une certaine mévente à partir d'un certain niveau de production, qui sera peut-être mise en évidence par l'étude filière. La vente de bois de feu qui semblait prometteuse pourrait se développer au détriment de la production de charbon dont on pourrait plus facilement ajuster la fabrication en fonction de l'évolution des cours. Dans la mesure où le service forestier souhaite protéger la forêt naturelle, la production de charbon à partir de bois d'Eucalyptus reste une solution intéressante et qu'il convient de ne pas perdre de vue. La production de charbon pourrait être supportée par les autres activités du projet (perches et bois de feu) plus rémunératrices. La synthèse économique et les choix nationaux seront seuls à même de donner des éléments de réponse.
Auteurs et affiliations
- Girard Philippe
Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/606620/)
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