Quels enjeux pour l'agriculture du nord Bénin face aux dynamiques de motomécanisation ? Diagnostic agraire de l'arrondissement d'Ina dans le département du Borgou

Taupin Margot. 2023. Quels enjeux pour l'agriculture du nord Bénin face aux dynamiques de motomécanisation ? Diagnostic agraire de l'arrondissement d'Ina dans le département du Borgou. Montpellier : Institut Agro Montpellier, 163 p. Mémoire d'ingénieur agronome : Ressources, systèmes agricoles et développement (RESAD) : Institut Agro Montpellier

Titre anglais : Agricultural mechanization dynamics: the challenges for agriculture in Northern Benin. an agrarian diagnosis of the Ina district in Borgou

Encadrement : Rasse-Mercat, Elisabeth ; Bakker, Teatske

Résumé : L'agriculture du nord Bénin en zone cotonnière connaît des transformations rapides, notamment en termes de motomécanisation agricole. Pour comprendre les dynamiques en cours, un diagnostic agraire a été réalisé dans l'arrondissement d'Ina, situé dans la moitié nord du Bénin. Le diagnostic agraire consiste en une étude systémique et dynamique de l'agriculture d'une petite région. La lecture de paysage et l'analyse de l'histoire agraire à travers 37 enquêtes auprès de producteurs âgés et d'acteurs locaux, complétée par de la bibliographie, ont permis de comprendre les processus de différenciation des exploitations et d'identifier la diversité des exploitations agricoles qui en résulte. Cette pré-typologie a permis un échantillonnage raisonné pour approfondir la caractérisation et l'évaluation technico-économique de la diversité des systèmes de production à travers une deuxième série de 64 entretiens semi-directifs. La modélisation de 7 archétypes a ensuite permis de représenter la diversité des exploitations agricoles, de comprendre leur fonctionnement, leurs performances technico-économiques, leurs contraintes et leurs opportunités et d'émettre des hypothèses sur leurs perspectives d'évolution. Ces enjeux ont été discuté lors d'une restitution auprès d'une cinquantaine de producteurs de la zone, en présence de deux conseillers agricoles locaux. En l'espace de 70 ans, l'agriculture de l'arrondissement d'Ina est passée d'une agriculture familiale manuelle sur abattis-brûlis principalement vivrière à une agriculture familiale et patronale motomécanisée, dépendante des intrants de synthèse et dont les productions principales sont destinées à l'exportation (soja, coton, anacarde). De nombreux éleveurs bovin laitier se sont sédentarisés dans la zone. L'élevage de petits ruminants et de volailles est toujours pratiqué en divagation par toutes les familles. La généralisation du labour motorisé et de l'utilisation des herbicides a permis une augmentation des superficies emblavées. Ainsi, le paysage a été transformé : extension de la frontière agricole jusqu'aux limites du finage, mise en culture des bas-fonds, diminution de la durée des friches, du nombre d'arbres dans l'espace cultivé et des espaces pastoraux, remettant en cause la place de l'élevage bovin. Les exploitations produisent une diversité de cultures vivrières, dont le niébé, destinées en priorité à l'autoconsommation. Leur proportion dans la sole diminue avec l'augmentation des superficies emblavées, au profit des cultures commerciales plus intéressantes. Depuis une dizaine d'années, le soja occupe une place importante dans les rotations et pour le revenu des ménages. Face à l'augmentation des superficies emblavées et à la diminution de la fertilité des sols, les exploitations sont dépendantes des tracteurs pour labourer à temps, des intrants de synthèse et de la main d'oeuvre salariée. Ainsi, d'importantes variations de productivité s'observent selon l'accès aux moyens de production des exploitations, qui dépend notamment de leur situation financière. Les écarts de revenus entre les exploitations les plus limitées en foncier et les exploitations les mieux dotées en facteurs de production sont du simple au nonuple. La viabilité et la résilience des plus petites exploitations dépendent d'un accès facilité aux intrants et à une motomécanisation adaptée. L'association agriculture-élevage semble aussi une piste pour l'amélioration des revenus mais nécessite des ressources fourragères suffisantes, alors que celles-ci sont en forte diminution.

Résumé (autre langue) : Agriculture in northern Benin cotton area is undergoing rapid changes, especially about agriculture mechanization. To understand these dynamics, an agrarian diagnosis was carried out in the Ina district, located in the northern of Benin. Agrarian diagnosis is a systemic and dynamic study of agriculture in a small region. Landscape interpretation and analysis of agrarian history through 37 surveys of elderly producers and local stakeholders, supplemented by bibliography, have enabled us to understand the processes of farm differentiation and to identify the diversity of farms. This pre-typology enabled us to take a purposive sampling to characterize the diversity of production systems and assess their technical and economic aspects, through a second series of 64 semi-structured interviews. Then, the modelization of 7 archetypes enabled us to represent the diversity of farms, to understand how they operate, their technical and economic performance, their constraints and opportunities, and to hypothesize about their future prospects. These issues were discussed during a feedback session with some 50 producers from the area, in the presence of two local farm advisors. Over the past 70 years, agriculture in the Ina district has evolved from manual family farming on slash-and-burn land, mainly for food production, to motorized family and employer farming, dependent on chemical inputs and whose main products are destined for export (soybeans, cotton, cashew nuts). Many dairy cattle breeders have settled in the area. Small ruminants and poultry are still raised by all families. The widespread use of motorized ploughing and herbicides has led to an increase in the cultivated area. As a result, the landscape has been transformed: the agricultural border has been extended to the limits of the finage, lowlands were cultivated, and the period of fallow land, the number of trees in cultivated areas and pastoral areas have been reduced, challenging the role of cattle rearing. The farms produce a variety of food crops, including cowpeas, primarily for self-consumption. As the cultivated area increases, the proportion of food crops in the total cultivated area decreases, to the benefit of more attractive cash crops. Over the last ten years soya has played an important role in crop rotations and household incomes. With increasing cultivated areas and declining soil fertility, farms are dependent on tractors for timely ploughing, chemical inputs and hired labor. As a result, there are major variations in productivity, depending on farms' access to the means of production, which depends in particular on their financial situation. Income gaps between farms with the smallest land holdings and those with the best input equipment range from one to nine times. The viability and resilience of the smallest farms depend on easier access to inputs and appropriate mechanization. Combining agriculture and livestock farming also appears to be a way of improving income, but requires sufficient pasture resources, which are in sharp decline.

Mots-clés libres : Diagnostic agraire, Mécanisation, Motorisation agricole, Benin, Zone cotonnière

Agences de financement hors UE : Agropolis Fondation

Projets sur financement : (FRA) Projet ProPulse

Auteurs et affiliations

• Taupin Margot, Institut Agro Montpellier (FRA)

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/606897/)

Métriques

[ Page générée et mise en cache le 2023-11-21 ]