Batie Chloé. 2023. Codévelopper des stratégies pour réduire l'utilisation des antibiotiques : le cas des élevages de poulets au Viêt Nam. Montpellier : Université de Montpellier, 302 p. Thèse de doctorat : Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau : Université de Montpellier
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Version publiée
- Français
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Encadrement : Peyre, Marisa ; Goutard Flavie
Résumé : La résistance aux antibiotiques est un problème de santé publique mondial et pourrait entraîner des millions de décès si rien n'est fait. En tant que problématique One Health, elle doit être adressée à la fois dans le secteur humain, animal et environnemental. Le Viêt Nam compte près de 100 millions d'habitants, il est l'un des pays d'Asie du Sud-Est dont l'économie et la démographie connaissent la croissance la plus rapide. Le secteur de la production de poulets est en pleine transformation. Le taux de croissance moyen de la population de poulets est de 6 % par an et les élevages s'intensifient. L'utilisation abusive et excessive d'antibiotiques est courante au Viêt Nam car les produits sont facilement accessibles et le secteur peu réglementé. En conséquence, de nombreuses bactéries isolées dans les élevages de poulets sont résistantes aux antibiotiques. Des stratégies existent pour lutter contre cette menace mais sont difficilement mises en place. L'objectif de cette thèse est de codévelopper avec les acteur·rices de la filière poulets et de la chaîne de distribution du médicament vétérinaire des stratégies pour réduire l'utilisation des antibiotiques dans les élevages. Pour répondre à cet objectif, nous avons adopté une approche transdisciplinaire, systémique et participative. Après une étude exploratoire pour comprendre le contexte dans lequel se déroule notre étude, nous avons construit une typologie des pratiques d'utilisation des antibiotiques parmi les différents systèmes de production de poulet. Nous avons identifié trois systèmes de production : les élevages de basse-cour, les élevages familiaux commerciaux et les élevages intensifs. Le processus de prise de décision des éleveur·ses varie en fonction du système de production. Au cours de l'étude exploratoire, nous avons également identifié des changements dans le cadre réglementaire et essayé de comprendre de quelle manière ces changements sont compris, reconnus et appliqués par les acteur·rices de la chaîne de distribution du médicament vétérinaire. Après avoir cartographié la chaîne et identifié la position des parties prenantes concernant les réglementations, nous avons exploré les barrières et les motivations pour les mettre en oeuvre. Les principales barrières concernent le manque de capacité des autorités à les faire appliquer, le décalage entre la théorie et les pratiques, le manque de connaissances et la forte proportion de petites exploitations. Étant donné que les éleveur·ses n'auront pas d'autre choix que de s'adapter, nous avons ensuite exploré comment ces acteur·rices font face à la nécessité de réduire l'utilisation des antibiotiques à une échelle locale. Nous avons identifié des solutions telles que l'utilisation de probiotiques fabriqués localement, le partage de connaissances et l'organisation d'éleveur·ses en coopératives. Enfin, tous les résultats obtenus ont été mis en contexte par l'organisation d'ateliers visant à coconstruire des stratégies. Les ateliers ont été organisés au niveau local avec les acteur·rices de la filière poulets et de la chaine de distribution du médicament vétérinaire. Ces stratégies codéveloppées ont pour objectifs d'améliorer la formation et la communication sur la biosécurité et la production biologique. Dans le cadre de ce travail, nous avons identifié des barrières systémiques mais aussi des leviers permettant de réduire l'utilisation des antibiotiques au Viêt Nam. Notre étude souligne la nécessité d'adopter une approche systémique et participative pour codévelopper des solutions et des stratégies. Celles-ci doivent ensuite être diffusées auprès des décideur·ses politiques pour un changement durable des pratiques. Nous avons également identifié le développement d'une filière qualité qui pourrait agir comme un levier au changement. Cependant le développement d'une telle filière devrait se faire en prenant en considération les acteur·rices les plus vulnérables. Des études complémentaires doivent être menées dans ce sens.
Résumé (autre langue) : Antibiotic resistance is a global public health concern that could lead to millions of deaths if nothing is done. As a One Health problematic, it needs to be addressed both in human, animal and environmental sectors. Vietnam, with a population of nearly 100 million, is one of the fastest growing economies and demographics in Southeast Asia. The chicken production sector is undergoing a major transformation. The average growth rate of the chicken population is 6% per year and farms are intensifying. Antibiotic misuse and overuse in chicken production is common in Vietnam as products are easily accessible and that the sector is poorly regulated. As a result, many of the bacteria isolated from chicken farms are multi-drug resistant. Strategies exist to tackle antibiotic resistance but they are implemented with difficulties. The objective of this thesis is to co-develop with the stakeholders of the poultry supply chain and of the veterinary drug value chain, strategies to reduce antibiotic use in chicken production in Vietnam. To answer to this objective, we have adopted a transdisciplinary, systemic and participatory approach. After an exploratory study to understand the context in which our study takes place, we have built a typology of antibiotic use practices among the different chicken production systems. We identified three chicken production systems: household, family commercial farms and intensive farms. The decision-making process of farmers varied according to the production system. During the exploratory study, we also identified changes in the regulatory framework and tried to understand how these changes are understood, acknowledged and applied by the stakeholders of the veterinary drug value chain. After mapping the chain and identifying stakeholder's posture regarding the regulations we have explored the barriers and motivations to implement them. Major barriers included the lack of capacity of the authorities to enforce the regulations, a mismatch between theory and practices, the lack of knowledge on the new regulations and the high proportion of small-scale farms. Because farmers will have no choice but to adapt to the changes in regulations, we then explored how farmers at a local level are dealing with the necessity to reduce antibiotic use. We identified local solutions such as the use of locally-handmade probiotics, knowledge exchange, and organization of farmers in cooperatives to overcome the barriers to ABU reduction. Finally, all the identified barriers and levers were put in to context through the organization of workshops aimed at co-build strategies. The workshops were organized at the local level with stakeholders of the chicken and veterinary value chain. Strategies aiming to improve training and communication on biosecurity and organic production were co-developed. Within this work, we identified barriers and levers to the reduction of antibiotic use in chicken production in Vietnam. Our study emphasizes the need to adopt a systemic and participatory approaches to co-develop local-based solutions using bottom-up approaches. Strategies and solutions must then be disseminated to policy makers for a sustainable change in practice. We also identified the development of quality products value chain in Vietnam that could act as a lever to change of practice but should be done by taking into consideration the most vulnerable stakeholders. Further studies must be conducted in this direction.
Auteurs et affiliations
- Batie Chloé, CIRAD-BIOS-UMR ASTRE (FRA)
Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/608495/)
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