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Assainir, restaurer ou vivre des zones humides temporaires : Analyse socio-hydrologique des Merjas centrales de la plaine du Gharb (Maroc)

Choukrani Hajar. 2023. Assainir, restaurer ou vivre des zones humides temporaires : Analyse socio-hydrologique des Merjas centrales de la plaine du Gharb (Maroc). Montpellier : Université de Montpellier, 154 p. Thèse de doctorat : Sciences de l’eau : Université de Montpellier

Thèse
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Version publiée - Français
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Titre anglais : Drain, restore or live with temporary wetlands: A socio- hydrological analysis of the central Merjas of the Gharb Plain (Morocco)

Encadrement : Kuper, Marcel ; Hammani, Ali

Résumé : Les zones humides temporaires sont des espaces de transition entre milieux aquatiques et terrestres, souvent difficiles à appréhender. Historiquement, elles étaient perçues comme sous-valorisées, nécessitant un assainissement pour soustraire l'eau à la terre afin de rendre possible une mise en valeur agricole intensive. Ces zones sont également de plus en plus reconnues comme des espaces importants pour le soutien de la biodiversité, la séquestration du carbone et la régulation des crues. Cependant, ces visions contrastées de milieu terrestre (à condition d'être assaini) ou de milieu aquatique (à condition d'être protégé et restauré) font abstraction du fait que des communautés locales vivent et exploitent ces milieux en transition. Ces usages, adaptés à ces milieux, sont souvent invisibles pour les acteurs institutionnels créant des conflits sur leur légitimité. Cette thèse analyse la pluralité des rôles des zones humides temporaires et vise à comprendre comment les visions des acteurs façonnent ces zones. La thèse se déroule dans les merjas de la zone centrale de la plaine du Gharb (Sidi Ameur, Bokka, Kebira, Jouad-Tidjina), qui 100 ans après le début de l'aménagement hydro-agricole de la plaine, sont toujours dans une situation conflictuelle sur les usages actuels et leur devenir. La thèse a abouti à trois résultats principaux. Tout d'abord, l'approche par les services écosystémiques dévoile les antagonismes entre acteurs sur les rôles des merjas. Pour les acteurs institutionnels, les merjas ont un destin régional voire national, comme futurs périmètres irrigués, ou alors comme zones tampons pour réguler les crues. Les communautés locales éprouvent un sentiment d'attachement à la terre et valorisent la production agricole des merjas. Cependant, ces usages restent invisibles pour les acteurs institutionnels. Malgré le débat international sur l'importance des zones humides temporaires pour la biodiversité et le stockage de carbone, ces dimensions restent cantonnées à des merjas permanentes, en dehors de la zone centrale. L'approche sociohydrologique montre que les ontologies binaires considérant les merjas soit comme des terres assainies ou des zones tampon pour réguler les crues ne concordent pas avec leur fonctionnement dynamique. Les résultats de la télédétection ont révélé que la submersion des merjas dépend surtout des conditions locales (topographie, pluie locale, proximité de point de débordement, degré d'hydromorphie du sol, configuration géomorphologique), expliquant l'adaptation des communautés locales à la présence de l'eau tout en revendiquant l'accès à la terre. Enfin, l'approche d'ingénierie de la concertation a rendu visible la vision des communautés locales sur les usages actuels en les engageant, au même plan que les acteurs institutionnels, dans un processus de réflexion et de négociation sur les scénarios d'aménagement. Les résultats de l'approche montrent que l'aménagement hydro-agricole des merjas doit se faire en concomitance avec l'assainissement de l'assise foncière. La démarche méthodologique de la thèse, conçue pour ce milieu complexe de transition, pourra être mobilisée dans des territoires fluides et marqués par des relations conflictuelles entre des acteurs convoitant ses ressources.

Résumé (autre langue) : Temporary wetlands are transitional spaces between aquatic and terrestrial environments, often challenging to grasp. Historically, they were seen as undervalued, requiring draining to subtract water from land for intensive agricultural development. These areas are also increasingly recognized as significant spaces for supporting biodiversity, carbon sequestration, and flood regulation. However, these contrasting visions of terrestrial (assuming it is drained) or aquatic (as long as it is protected and restored) environment overlook the fact that local communities live and exploit these transitional environments. These uses, adapted to these environments, often remain invisible to institutional actors, creating conflicts over their legitimacy. This thesis analyzes the plurality of roles of temporary wetlands and aims to understand how the actors' visions shape these areas. The thesis takes place in the merjas of the central zone of the Gharb plain (Sidi Ameur, Bokka, Kebira, Jouad-Tidjina), which 100 years after the beginning of the hydro-agricultural development of the plain, are still in a conflicting situation regarding their current and future uses. The thesis led to three main results. Firstly, the ecosystem services approach reveals the antagonisms between actors on the roles of merjas. For institutional actors, merjas have a regional or even national destiny, as future irrigated perimeters or as buffer zones to regulate floods. Local communities have a sense of attachment to the land and value the agricultural production of merjas. However, these uses remain invisible to institutional actors. Despite the international debate on the importance of temporary wetlands for biodiversity and carbon storage, these dimensions remain confined to permanent merjas, outside the central zone. The socio-hydrological approach shows that binary ontologies considering merjas either as lands to be drained or buffer zones to regulate floods do not accord with their dynamic functioning. Remote sensing results revealed that merja submersion mainly depends on local conditions (topography, local rain, proximity to overflow points, degree of soil hydromorphy and geomorphological configuration), explaining the adaptation of local communities to the presence of water while claiming access to land. Lastly, the public participation approach made visible the vision of local communities on current uses by engaging them, on the same level as institutional actors, in a process of reflection and negotiation on development scenarios. The results of the approach show that the hydro-agricultural development of merjas must be done in conjunction with resolving land tenure issues. The methodological approach of the thesis, designed for this complex transitional environment, can be mobilized in fluid territories marked by conflicting relationships between actors coveting its resources.

Mots-clés libres : Services écosystèmiques, Sociohydrologie, Ingénierie de la concertation, Zones humides temporaires, Milieux en transition, Merjas, Plaine du Gharb, Maroc

Auteurs et affiliations

  • Choukrani Hajar, CIRAD-ES-UMR G-EAU (FRA)

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/608889/)

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