Défis et perspectives de l'élevage dans les oasis de montagne au Maroc : une rentabilité à la merci du climat

Taher Srairi Mohamed, Marouani Moussaab, Julien Lionel. 2024. Défis et perspectives de l'élevage dans les oasis de montagne au Maroc : une rentabilité à la merci du climat. Alternatives Rurales (9), h.s. Oasis, 17 p.

https://doi.org/10.60569/hsoas-a2

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Titre anglais : Challenges and perspectives of livestock breeding in mountain oases in Morocco: Profitability at the mercy of the climate

Résumé : Au Maroc, l'élevage demeure une activité fondamentale dans les réalisations du secteur agricole, encore plus dans les zones arides et semi-arides. En vue d'en évaluer les performances technico-économiques et leurs facteurs de variation, cette étude a été réalisée sur un échantillon de 35 exploitations agricoles dans les oasis de montagne au Maroc (communes de M'semrir et Tilmi – Haut Atlas central -). Cet échantillon reflète la diversité des situations locales, avec une répartition entre exploitations transhumantes et sédentaires situées à plus de 1 900 mètres d'altitude. Les résultats révèlent une forte mobilisation de la main-d'oeuvre familiale pour les travaux d'astreinte, représentant près de 97,8 % du total des heures de travail liées au troupeau. Le temps dédié à ce travail varie significativement entre les élevages sédentaires et transhumants, avec en moyenne respectivement 98,5 et 436,5 jours par an. L'autonomie fourragère, évaluée à environ 47 % en moyenne, est dépendante de la surface agricole utile et la taille du cheptel. Les taux de reproduction (mise-bas et avortement) et de mortalité reflètent des contraintes importantes pour le développement de l'élevage dans la zone d'étude. Ils mettent en exergue l'impact de la sécheresse, des insuffisances alimentaires et de l'éloignement des éleveurs de leur troupeau. En termes de revenus, l'élevage génère en moyenne 1 545 DH par Unité de Gros Bétail (UGB). La rémunération du travail en élevage varie considérablement entre les éleveurs sédentaires et transhumants, avec une moyenne journalière de 48 DH, inférieure au salaire minimal agricole garanti (SMAG). Ces résultats soulignent une situation vulnérable, exacerbée par les effets du changement climatique, qui compromettent l'attractivité du travail en élevage en zone de montagne. La limitation des ressources naturelles impacte sérieusement la résilience de l'élevage et la création d'opportunités d'emploi décent. Des actions concertées sont nécessaires pour renforcer la durabilité de l'élevage dans ces régions et assurer des moyens de subsistance viables pour les communautés locales.

Résumé (autre langue) : In Morocco, livestock breeding remains a fundamental activity in the achievements of the agricultural sector, even more so in arid and semi-arid zones. In order to evaluate its technico-economic performances and their variation factors, this study was carried out on a sample of 35 farms in mountain oases in Morocco (communes of M'semrir and Tilmi – Central High Atlas -). The study sample reflects the diversity of local situations, with a distribution between transhumant and sedentary farms located at an altitude of more than 1,900 meters. The results reveal a strong mobilization of family labor for work dedicated to rear the animals, representing nearly 97.8% of the total working hours linked to the flocks. The time dedicated to this work varies significantly between sedentary and transhumant livestock farms, with an average of 98.5 and 436.5 days per year respectively. Feed autonomy, calculated as the ratio between net energy from endogenous resources and total net energy ingested, was estimated at around 47% on average. It was dependent on the usable agricultural area and the size of the flocks. The reproduction rates (birth and abortion) and mortality reflect significant constraints for the development of livestock farming in the study area. They highlight the impact of drought, food insufficiency and the distance of breeders from their herd.Animal breeding generates on average 1,545 DH per Livestock Unit (LU). Remuneration of livestock work varies considerably between sedentary and transhumant breeders, with a daily average of 48 DH but significant variations between the two groups. These results highlight a vulnerable situation, exacerbated by the effects of climate change, which hinder the attractiveness of work in livestock rearing in mountainous areas. Natural resources limits directly impact livestock's resilience and its ability to provide decent work opportunities. Concerted actions are necessary to ensure livestock sustainability in such areas to provide secure livelihoods to local communities.

Mots-clés Agrovoc : oasis, transhumance, élevage, région d'altitude, rentabilité, ovin, polyculture élevage, temps de travail, climat de montagne, secteur agricole, méthode d'élevage, système d'élevage