Rapport de mission à la compagnie sucrière sénégalaise (CSS), Richard-Toll, Sénégal, du 13 au 17 Mai 2024. Expertise sur les attaques du foreur des tiges de canne à sucre, Eldana saccharina (Lepidoptera, Pyralidae)

Goebel François-Régis. 2024. Rapport de mission à la compagnie sucrière sénégalaise (CSS), Richard-Toll, Sénégal, du 13 au 17 Mai 2024. Expertise sur les attaques du foreur des tiges de canne à sucre, Eldana saccharina (Lepidoptera, Pyralidae). Montpellier : CIRAD, 21 p.

Résumé : Cette mission d'expertise, effectuée du 13 au 17 mai 2024 auprès de la Compagnie Sucrière Sénégalaise (Richard Toll), fait suite à une demande du service agronomique d'analyser le problème causé par le foreur des tiges " borer ", Eldana saccharina. Fin 2013 nous avions déjà effectué le même type de mission et proposé des solutions agroécologiques. Il s'agissait donc de revoir la problématique du borer dans son ensemble qui semble de nouveau provoquer des pertes en sucre significatives, 10 ans après mon premier passage à la CSS. Sur la base des données fournies, les niveaux d'infestations restent très élevés sur sol sableux à Bardial (plus de 30% d'entre-noeuds attaqués dans certains cas) et ce sont toujours les variétés telles que la N14 (variété sudafricaine) et les CP 72 et 74 (Variétés de Floride, USA) qui sont sensibles au foreur E. saccharina, avec des pertes en sucre significatives. En dehors de la sensibilité variétale, plusieurs facteurs restent d'actualité pour expliquer ces dégâts importants : un stress hydrique sur certaines parcelles en goutte à goutte qui affaibli les plants et les rend vulnérables aux attaques du borer, des sols pauvres en silice, des doses d'azote trop élevées qui favorise le développement de l'insecte, un brûlage des cannes systématique qui détruit les ennemis naturels sans tuer le borer, bien à l'abri dans les tiges. Fin 2013, lors de la première mission d'expertise, on proposait une combinaison de techniques visant à limiter le stress hydrique dû aux pannes de courant, à baisser la dose d'azote et enrichir le sol en silice en apportant des cendres de chaudière, comme plan d'action. Ces recommandations restent valables en 2024, soit 10 ans après; certaines ont été suivies, d'autres restent à mettre en place. Quelques propositions nouvelles ont été rajoutées avec des expérimentations. Nous avions aussi proposé de placer un réseau de piégeage lumineux du papillon (attiré par la lumière) en périphérie des parcelles, près de la végétation naturelle, ceci lors des périodes de vol entre juin et septembre. En 2014, un réseau d'une vingtaine pièges lumineux en majorité alimentés par des panneaux solaires a donc été installé sur le périmètre de Bardial, lieu d'infestations importantes du foreur. En 2024, face à la recrudescence des attaques, la CSS a décidé d'augmenter significativement le nombre de pièges solaires à plus de 100 unités pour couvrir l'ensemble du périmètre, avant la saison des pluies de juillet à septembre. On rappelle ici qu'à tout moment et même en période de faibles infestations, il est essentiel de suivre l'évolution du problème " borer " chaque année avec l'évaluation des attaques et de tester de nouvelles méthodes, comme la coupe en vert et l'introduction de plantes de service autour des parcelles pour attirer et conserver les ennemis naturels du borer, qui font aujourd'hui défaut du fait du brûlage de la canne et de l'absence de diversité végétale (plantes à fleurs, haies, légumineuses, etc) en bordure des champs.

Mots-clés libres : Senegal, Richard Toll, Compagnie Sucrière Sénégalaise, Diagnostic ravageur, Foreurs des tiges, Eldana saccharina, Biodiversité, Pratiques culturales, Protection agroécologique des cultures

Auteurs et affiliations

• Goebel François-Régis, CIRAD-PERSYST-UPR AIDA (FRA) ORCID: 0000-0002-5438-1078

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/609813/)

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