Paramètres démographiques et rentabilité de l'élevage ovin dans la plaine d'agriculture pluviale de la Chaouia, Centre-Ouest du Maroc

Dahmani Yassine, Julien Lionel, Sraïri Mohamed Taher. 2025. Paramètres démographiques et rentabilité de l'élevage ovin dans la plaine d'agriculture pluviale de la Chaouia, Centre-Ouest du Maroc. Revue d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, 78:37645, 11 p.

https://doi.org/10.19182/remvt.37645

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Titre anglais : Demographic parameters and profitability of sheep farming in the Chaouia rainfed plain (central western Morocco) / Titre espagnol : Parámetros demográficos y rentabilidad de la ganadería ovina en la llanura de secano de Shauía (Marruecos centro-occidental)

Résumé : Contexte : L'élevage ovin domine dans la plaine céréalière semi-aride de la Chaouia (Maroc) qui subit de plein fouet les effets du changement climatique et de la volatilité des prix des intrants. Objectifs : Cette étude visait à caractériser les performances technico-économiques des deux modes d'élevage ovin rencontrés dans cette région – naisseurs et naisseurs-engraisseurs – à travers l'analyse de ses paramètres démographiques, de sa productivité et de sa rentabilité. Méthodes : La méthode d'enquête rétrospective dite 12-MO a été utilisée pour collecter les paramètres démographiques auprès de 52 élevages, complétée par une étude de leur rentabilité. Résultats : Les naisseurs, exploitant une surface agricole moyenne de 14 ha, présentent une autonomie fourragère (58 %) supérieure à celle des naisseurs-engraisseurs (49 % sur 128 ha). Cette autonomie contribue à une meilleure rentabilité par unité zootechnique ovine (marge brute moyenne de 68 € contre 44 € par unité zootechnique ovine). La vulnérabilité économique est omniprésente, en particulier chez les naisseurs-engraisseurs qui dépendent des intrants achetés et de la main-d'oeuvre salariée. Les charges alimentaires représentent jusqu'à 87 % des coûts totaux, affectant la rentabilité totale, notamment lors des sécheresses récurrentes ou de la hausse des prix des concentrés. Les taux moyens de mise-bas (113 %), de prolificité (138 %) et de mortalité (1 %), sont satisfaisants malgré l'insuffisance alimentaire et des pratiques de gestion inadaptées. Les naisseurs adoptent une stratégie de ventes précoces des agneaux pour alléger les charges, tandis que les naisseurs-engraisseurs allongent le cycle de production, espérant la valorisation des produits. Conclusions : Les systèmes d'élevage ovin, demeurent vulnérables face aux aléas climatiques, à la volatilité des prix des intrants et à une main-d'oeuvre coûteuse. Assurer leur viabilité à long terme nécessite de surmonter ces contraintes tout en valorisant leurs multiples rôles pour les territoires semi-arides.

Résumé (autre langue) : Background: This study explores the demographic and economic parameters of sheep farming in the semi-arid cereal plain of Chaouia, Morocco, which is severely impacted by climate change and heightened input price volatility. Aim: It aims to characterize the technical and economic performance of sheep farming in the region across different production systems: breeder farms (40) and breeder-finisher farms (12). Methods: The study is based on the determination of demographic parameters using the “12 MO” method, combined with an analysis of farm profitability. Results: Breeder farms, with an average agricultural area of 14ha, exhibit a higher forage self-sufficiency rate (58%) than breeder-finisher farms (49% on 128ha). This higher self-sufficiency contributes to a better average profitability per ewe unit (68€ vs. 44€). However, economic vulnerability is widespread, particularly among breeder-finisher farms, which rely heavily on purchased inputs and hired labor. Feed costs represent up to 87% of total expenses, jeopardizing overall profitability, especially during recurrent droughts or when concentrate prices rise. In terms of demographic performance, lambing rates (113%), prolificacy (138%), and mortality (1%) remain satisfactory despite several constraints, such as feed insufficiency and suboptimal management practices. Breeder farms adopt a strategy of early lamb sales to reduce animal maintenance costs, whereas breeder-finisher farms extend the production cycle, increasing their exposure to market fluctuations. Conclusions: Sheep farming systems, in their diversity, are essential for food security and the sustainable management of natural resources, yet remain vulnerable to climatic hazards, input price volatility, and high labor costs. Ensuring their long-term viability requires overcoming these constraints while enhancing their multiple roles in semi-arid regions.

Mots-clés Agrovoc : ovin, élevage, rentabilité, analyse économique, changement climatique, petite exploitation agricole, exploitation agricole, système d'élevage, démographie, adaptation aux changements climatiques, exploitation agricole familiale, méthode d'élevage, mortalité