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Dans l'Ouest-Cameroun, les paysans ont préservé les arbres dans leurs champs, pendant que l'Etat laissait brûler ceux qu'il avait plantés dans ses réserves

Njoukam Raphaël, Temgoua Lucie Félicité, Peltier Régis. 2008. Dans l'Ouest-Cameroun, les paysans ont préservé les arbres dans leurs champs, pendant que l'Etat laissait brûler ceux qu'il avait plantés dans ses réserves. In : International IUFRO Conference on Traditional Forest-related Knowledge and Sustainable Forest Management in Africa, 14-17 October 2008, Accra, Ghana. s.l. : s.n., 14 p. Conference on Traditional Forest-related Knowledge and Sustainable Forest Management in Africa, Accra, Ghana, 14 Octobre 2008/17 Octobre 2008.

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Titre anglais : In West Cameroon, farmers have looked after the trees in their fields, while the State

Résumé : Les collines Subhumides de l'Ouest Cameroun étaient autrefois couvertes de forêts semi-décidues. Les peuples Bamiléké et Bamoun qui les ont colonisées, les ont en grande partie défrichées. À partir de la moitié du XXe siècle, l'administration forestière s'est inquiétée de la disparition des derniers lambeaux de végétation naturelle ainsi que du manque de bois de feu et de construction pour les populations. Des réserves forestières ont été crées et des plantations réalisées, en majorité avec des espèces exotiques, pour la production de bois d'oeuvre (pins), de perches et de bois de feu (eucalyptus) et pour l'ombrage des plantations de café (leucaena). Les paysans ont, pour leur part, clôturé leurs champs à l'aide de haies-vives, où ils ont installé différentes espèces arborées ou arbustives locales faciles à bouturer ou à repiquer. À l'intérieur de leurs cultures et autour de leurs habitations, ils ont conservé ou planté des espèces à usages multiples provenant des forêts naturelles ou de pépinière. Un demi-siècle plus tard, on constate que les reboisements effectués par l'État et les réserves forestières ont le plus souvent été détruits par le feu ou défrichés par la population. Par contre, dans l'espace cultivé, on trouve un patchwork de formations forestières ou agroforestières constituées en majorité d'un grand nombre d'espèces prélevées dans la forêt originelle. On peut par exemple, trouver des haies-vives de Polyscias fulva, espèce utilisée pour la sculpture. Près des maisons les Canarium schweinfurthii sont mélangés aux palmiers à huile et à toutes sortes de fruitiers locaux ou exotiques. Dans les bas-fonds, les raphiales ont été conservées et sont intensivement utilisés pour la fabrication d'objets divers (meubles, plafonds, cageots etc.) et la production du vin de raphia. Plus étonnant encore, on trouve chez certains agriculteurs des plantations d'espèces de bois d'oeuvre comme Entandrophragma sp.p. et Podocarpus milanjianus. Parmi les espèces exotiques, le pin n'a pas été adopté par les agriculteurs, en raison de la médiocre qualité de son bois, peu résistant aux champignons et aux insectes dans ce climat chaud et humide. L'eucalyptus a connu un très beau développement en milieu paysan, en raison de sa rusticité, de sa vitesse de croissance, de sa capacité de rejet, de sa résistance au feu et de ses usages multiples (bois de feu, perches, poteaux, sciages, pharmacopée). Les Leucaena ont pratiquement disparu avec les caféières et leur intérêt pour la fixation d'azote n'a pas été perçu par les paysans qui préfèrent utiliser de l'engrais ou associer leur culture avec des légumineuses herbacées comestibles (haricots, pois, niébé). On constate donc que les agriculteurs de cette région ont développé leur propre stratégie en matière de conservation des ressources végétales forestières de façon très indépendante par rapport aux recommandations ou aux ordres de l'administration forestière et des organismes de recherche. En fait, on peut dire qu'ils ont une vision très utilitaire et très pragmatique de la forêt: chacun conserve ou reconstitue, sur ses terrains, un agroécosystème qui satisfait au mieux à sa stratégie, à ses possibilités et à ses besoins. Le message unique et stéréotypé de l'administration et des projets, souvent porteur d'une idéologie (sauver la forêt, lutter contre la désertification, protéger l'eau et les sols, conserver la biodiversité, fixer le carbone, etc.), ne peut convenir à tout le monde. Il faut cependant remarquer que les initiatives paysannes individuelles ne sont pas souvent soutenues par l'administration et que leur diffusion est souvent bloquée par des lois protectionnistes mal adaptées ou mal interprétées. Par exemple, un agriculteur peut exploiter librement les eucalyptus qu'il a plantés mais pas les Entandrophragma ou les Canarium pour lesquels il devrait obtenir un permis d'abattage, après de lourdes et coûteuses démarches. Certaines espèces fruitières agroforestières sont même intégralement

Mots-clés Agrovoc : agroforesterie

Mots-clés géographiques Agrovoc : Cameroun

Mots-clés géographiques complémentaires : Cameroun nord

Classification Agris : P01 - Conservation de la nature et ressources foncières
E14 - Économie et politique du développement
K01 - Foresterie - Considérations générales

Auteurs et affiliations

  • Njoukam Raphaël, IRAD (CMR)
  • Temgoua Lucie Félicité, Université de Dschang (CMR)
  • Peltier Régis, CIRAD-ES-UPR Ressources forestières (FRA) ORCID: 0000-0002-8110-7322

Autres liens de la publication

Source : Cirad - Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/547325/)

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