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Recherches participatives pour une gestion durable des territoires forestiers

Boissière Manuel. 2021. Recherches participatives pour une gestion durable des territoires forestiers. Paris : MNHN, 80 p. Habilitation à diriger des recherches : Muséum national d'histoire naturelle

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Version publiée - Anglais
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Titre anglais : Participatory research for sustainable forestland management

Résumé : La participation des communautés vivant dans ou à proximité d'une zone forestière à la gestion de l'environnement, appelée " participation locale ", est de plus en plus utilisée pour que la conservation et la planification de l'usage des terres soient plus durables, inclusives, équitables et pertinentes pour les populations locales. La recherche participative appliquée à la gestion de l'environnement est un sujet de recherche, c'est- à-dire une activité scientifique menée en collaboration avec les communautés locales pour identifier et résoudre les problèmes que rencontrent ces communautés lors de la gestion de l'environnement (Cancian et Armstead 2020). C'est aussi une méthode de recherche, c'est-à-dire l'ensemble des outils utilisés pour identifier et résoudre ces problèmes. La recherche participative a été au centre de mon travail au cours des 25 dernières années. Pendant cette période, mes questions de recherche ont été : Comment rendre plus durable la participation des communautés locales à la gestion environnementale ? Comment ces communautés bénéficient-elles de ou sont-elles affectées par la recherche participative sur la gestion des forêts et des ressources naturelles ? Mon hypothèse de recherche est que la participation des communautés à la gestion de l'environnement conduit à une plus grande durabilité de l'action si la motivation des communautés est assurée. Cette dernière dépend des différents avantages potentiels auxquels elles peuvent s'attendre, par exemple en termes de revenus, de droits coutumiers et légaux, de sens des valeurs et de sentiment d'appartenance, ou pour les générations futures. Il y a 4 chapitres dans ce document : 1) Introduction au thème de la participation à la gestion environnementale, selon une perspective de recherche ; 2) Présentation du contexte théorique, en utilisant la littérature développée sur le sujet ; 3) Présentation du cadre conceptuel que j'ai utilisé lors de mes recherches ; 4) Description à travers d'études de cas des quatre périodes de ma recherche sur la participation locale. Pour répondre aux questions de recherche et vérifier l'hypothèse, j'ai organisé mon travail en quatre périodes d'activités de recherche : 1) j'ai étudié la façon dont les communautés locales percevaient et comprenaient leur environnement; 2) j'ai étudié, en utilisant la recherche participative, le rôle que les populations locales pourraient jouer dans la conservation des forêts ; 3) j'ai élargi mes conclusions sur la conservation au sujet plus large de la participation à la planification de l'utilisation des terres; et 4) parce que le suivi est un élément essentiel de la gestion de l'environnement, j'ai étudié le rôle que les populations locales pourraient jouer dans le suivi du couvert forestier, de la biodiversité et du carbone sur leur territoire. J'illustre ces quatre objectifs avec 13 études de cas basées sur des projets de recherche mis en oeuvre tout au long de ma carrière, d'abord en tant que doctorant et post- doctorant, puis en tant que chercheur au CIRAD (La Recherche Agronomique pour le Développement) et CIFOR (Centre de Recherche Forestière Internationale). J'ai 9 travaillé sur ces études de cas lors de mes missions en Indonésie (18 ans), en Éthiopie (4 ans) et en France. Sur la base de ces études de cas, certains résultats et recommandations peuvent être partagés. L'association des communautés locales à la prise de décision peut conduire à plus de durabilité dans la gestion de l'environnement parce qu'il fait sens, d'un point de vue éthique, économique et écologique, d'impliquer les communautés vivant dans ou à proximité d'une zone forestière dans toute décision concernant sa gestion. L'aménagement du territoire, une composante importante de la gestion environnementale, ne peut réussir à moyen ou long terme sans la participation directe des communautés locales. La participation locale est nécessaire, mais sous certaines conditions. Elle ne doit pas être tenue pour acquise, et les décideurs doivent comprendre à quelles conditions les populations locales peuvent participer aux décisions sur la gestion de leurs terres. Les populations locales ont besoin de bénéficier de leur participation, économiquement, politiquement, en termes de régime foncier ou d'utilisation des terres, et spirituellement. La recherche participative peut aider à mieux intégrer les perspectives, les perceptions et l'agenda des populations locales dans la prise de décision. Mais, avant d'envisager la participation des communautés locales à un projet de gestion de l'environnement, les initiateurs du projet, c'est-à-dire les organisations gouvernementales et non gouvernementales, et les scientifiques, doivent : a) Mener une étude de faisabilité qui évalue les motivations et le type d'implication nécessaire de la part des communautés locales. Ce type d'étude peut être fait en plus des études de faisabilité plus conventionnelles, telles que l'analyse des situations économiques, juridiques, de genre, du régime foncier et des moyens d'existence. b) Utiliser si possible des approches alternatives non participatives qui évitent aux communautés locales de perdre leur temps dans la formation, le suivi et la gestion de projets, dans les cas où leur participation n'est pas nécessaire. c) Clarifier avec les communautés locales, lorsque la participation locale est jugée pertinente par l'initiateur du projet, la manière dont l'approche peut leur être bénéfique. d) S'assurer que les communautés locales peuvent refuser de participer. La participation est parfois imposée car elle a un coût politique et social élevé. Les organisations gouvernementales et non gouvernementales, et les chercheurs n'acceptent souvent pas un " non " pour réponse. Les communautés locales devraient cependant pouvoir refuser de participer. Si elles sont impliquées, cela devrait se faire dès le début du processus, dès la conception du projet, et elles devraient être en mesure de révoquer leur décision de participer à tout moment. Ce n'est qu'à ces conditions que la participation locale peut être considérée comme possible. Le cas échéant, tous les autres acteurs (gouvernement local, organisations de conservation, société civile) doivent collaborer avec les communautés locales pour parvenir à une utilisation des terres, une conservation de la biodiversité, et une gestion des terres forestières qui soient plus efficaces et durables. Cette recherche est toujours en cours et mes activités de recherche futures, par exemple sur la restauration des paysages dégradés ou la conservation autonome, devraient apporter une contribution supplémentaire au sujet.

Résumé (autre langue) : Communities who live in or near a forest are now being encouraged more to participate in environmental management (hereafter referred to as 'local participation'). This is to make conservation and land-use planning more sustainable, inclusive, equitable and relevant to local people. Participatory research on environmental management is a research topic, i.e., a scientific investigation conducted together with local communities to identify and solve community problems about environmental management (Cancian and Armstead 2020). It is also a research method, i.e., a set of tools used to identify and solve these problems. Participatory research has been the focus of my work for the past 25 years. Over the years my research questions have included: How can local participation in conservation, land-use planning and, more generally, in environmental management be more sustainable? How are communities affected by or benefiting from participatory research on forests and natural resource management? My research hypothesis is that community participation in environmental management leads to more sustainable actions if community motivation is secured. Community motivation depends on the different potential benefits a community can expect, for example, in terms of income, customary and statutory rights, a sense of worth and belonging or for the benefit of future generations. There are 4 chapters in this document: 1) Introduction to the topic of participation in environmental management, from a research perspective; 2) Presentation of the theoretical background, using the literature developed on the topic; 3) Presentation of the conceptual framework I have been using during my research; 4) Description, through case studies, of the four periods in my research on local participation. To answer the research questions and verify the hypothesis, I organised my work in four periods of research activities: 1) I studied the way local communities perceived and understood their environment; 2) I studied the role local people could play in forest conservation, using participatory research; 3) I scaled up my findings on conservation to include the broader topic of participation in land-use planning; and 4) because monitoring is an essential part of environmental management, I studied the role local people could play in monitoring forest cover, biodiversity and carbon in their territory. I illustrate these four objectives with 13 case studies based on research projects implemented throughout my career, first as a PhD and postdoctoral student, then as a scientist with Agricultural Research for Development (CIRAD) and the Center for International Forestry Research (CIFOR). I worked on these case studies during my assignments in Indonesia (18 years), Ethiopia (4 years) and France. 7 Based on these case studies, some results and recommendations can be shared. In essence, local community involvement in decision making can lead to more sustainable environmental management because ethically, economically and ecologically it makes sense to involve communities living in or near a forested area in any decisions concerning its management. Land-use planning, a significant component of environmental management, cannot be successful in the medium or long term without the direct involvement of local communities. Local participation is needed, but with certain conditions. In environmental management, local participation should not be taken for granted. Decision makers need to understand under what conditions local people should participate in decisions on land management. Local people need to benefit from their participation, economically, politically (in terms of land tenure or land-use) and spiritually. Participatory research can help to integrate local perspectives, perceptions and agendas into decision making. However, before considering local community participation in an environmental management project, the project proponents, i.e., government and non-government organisations and scientists need to: a) Conduct a feasibility study that assesses the motivations of local communities and the kind of local involvement required. This type of study can be conducted in addition to the more conventional feasibility studies, such as the analysis of economic, legal, gender, tenure and livelihood situations. b) Look for alternative non-participatory approaches that spare local communities from wasting time in training, monitoring and project management where participation is not necessary. c) Discuss with the local communities how the project proponent considers local participation relevant and how the approach can benefit them. d) Make sure the local communities are empowered to refuse to participate. Participation can sometimes be imposed because it bears high political and social costs. Government and non-government organisations and researchers often do not take 'no' for an answer. Local communities should, however, be able to refuse to participate. If they are involved, it should be from the very beginning of the process, during the project design and they should be able to revoke their decision to participate at any time. Only under these conditions can local participation be considered appropriate. If appropriate, then all the other stakeholders (local government, conservation organisations and civil society) need to collaborate with the local communities to achieve more effective and sustainable land-use, biodiversity conservation and the management of forestland. This research is still ongoing and future activities, e.g., on landscape restoration or autonomous conservation, should provide additional input on the topic.

Auteurs et affiliations

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/599726/)

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