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Étude de faisabilité technique et financière d'une unité de séchage de mangues au Mali. Rapport final

Thémelin André, Monkam Norbert. 2000. Étude de faisabilité technique et financière d'une unité de séchage de mangues au Mali. Rapport final. Montpellier : CIRAD-Forêt, 145 p.

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Résumé : La demande en fruits déshydratés est en pleine croissance sur les marches européennes et les variétés abondantes de mangue au Mali se prêtent bien à la transformation par séchage. Les exportations mondiales de fruits tropicaux déshydratés, dominées par l'Asie, sont très ciblées sur la marche européenne, principalement au Royaume Uni, suivi de loin par les USA, la France et le Canada et l'Allemagne. La mangue est peu représentée du fait de l'apprentissage plus tardif du fruit frais par les consommateurs européens ; peu imprégnée en sucre, elle est importée en tranches ou en des depuis la Thaïlande, l'Inde, les Philippines, la Chine (Taiwan), la Malaisie et plus dernièrement d 'Afrique. Les utilisateurs finaux se disent prêts à acheter de bien plus grandes quantités si les prix étaient plus bas : les cours de la mangue sont presque le double de ceux de l'ananas et de la papaye. Les conclusions des observateurs, des importateurs et des grossistes européens sont convergentes : la demande en produits déshydratés dits "naturels" (sans additifs, colorants, conservateurs, agents de sapidité et sucres rapportes) est en pleine expansion, avec des alternatives recherchées dans les pays ACP. La mangue déshydratée a un avenir certain pour un produit répondant aux exigences des marches européens, notamment anglais, allemand, français et des pays nordiques, sans oublier la marche biologique. La demande en produits déshydratés sera d'autant plus élevée que les industriels pourront l'entretenir avec des fruits de qualité. La régularité de l'approvisionnement reste un élément majeur de fidélisation de la clientèle potentielle que représentent les importateurs européens, facteur qui a déjà pénalise ponctuellement les fruits tropicaux au profit des fruits secs locaux. Une unité de transformation apparaît souvent intéressante comme solution complémentaire à un atelier de conditionnement pour l'export, permettant de valoriser les écarts de tri des variétés exportables en frais. La liaison transformation-exportation incite à la fidélisation des planteurs qui tirent bénéfice de l'achat de toute leur récolte par l'utilisateur ; la mise en oeuvre du projet doit alors s'accompagner d'une stratégie d'alliance avec les producteurs et leurs structures d'encadrement lorsqu'elles existent. En aval, un portefeuille de clientèle diversifiée doit être constitue et entretenu par des contacts réguliers auprès des interlocuteurs directement concernés dans les pays importateurs. Une unité de transformation semi-industrielle ou industrielle se devant de fonctionner un nombre maximum de jours dans l'année, une palette de produits à traiter doit être envisagée. La gamme des fruits et légumes envisages tient compte de la demande des différents marches (international, sous-régional et local), de la disponibilité et de la mobilisation des produits dans un rayon de 50 km autour de l'unité et de l'étalement de leurs périodes de récolte. La mangue constitue le produit leader pour le conditionnement en frais et le séchage de mars à aout. Destines préférentiellement aux marches d'exportation (européen voire américain), les produits déshydratés seront conditionnes en vrac a destination des importatrices, conditionneuses ou entreprises de seconde transformations ; voire en unité de 50 ou 250 g pour les importateurs grossistes de produits de consommation finale. Produit faisant l'objet d'importantes transactions commerciales en Afrique soudano-sahelienne, l'oignon frais peut être traite par curing ou séchage des tuniques externes du bulbe, lui assurant conservation et réduction des pertes de poids. La conservation des bulbes conditionnes en sac de 50 kg dans des magasins de stockage ventiles permet de mettre en marche le produit hors saison de récolte, période ou les prix d'achat et de vente par les grossistes et les détaillants sont suffisamment élevés pour rentabiliser le traitement et le stockage. Les calices d'hibiscus, récoltés frais en fin d'année, laves puis séchés entiers sous conditions contrôlées hors contamination et insolation, seront proposes soit en vrac pour l'exportation (sous-région) soit en petit conditionnement de 50 g ou moins, la dose étant assimilée a une pièce de monnaie pour une utilisation rapide et familiale en jus de bissa. Enfin, le gombo récolte en septembre et octobre sera lavé et séché à très faible humidité, puis broyé en poudre. Propose en petit conditionnement (50 g ou 20 g), il correspond au produit culinaire prêt à l'emploi pour des ménagères de plus en plus attachées à d'autres taches que domestiques. L'implantation d 'une première unité de transformation par séchage couplée a un atelier de conditionnement en périphérie de Bamako semble actuellement la plus judicieuse : potentiel important de mangues exportables a valoriser, notamment avec la prédominance d 'Amélie ; localisation en zone de fortes productions diversifiées ; a un noeud de voies de communication (routier, aérien et ferroviaire) et bien connectée aux circuits d'approvisionnement en électricité, fuel, gaz et eau. La capacité de production de cette première unité a été raisonnée de façon progressive, tenant compte des expériences entreprises réalistes vécues avec succès dans des situations analogues d 'Afrique de l'Ouest et d 'Afrique Centrale, nous avons alors considéré les caractéristiques suivantes de production sur la mangue : un atelier de conditionnement : de capacité initiale 150 T/an évoluant progressivement a 300 T/an sur 3 ans, avec des créneaux sont bien cibles sur des fenêtres primeur en fret aérien sur des périodes courtes mais répétées et a des prix de vente rémunérateurs ; un atelier de transformation par séchage : de capacité initiale 20 T/an sur deux ans puis évoluant progressivement a 80 T/an sur les 3 années suivantes : a un premier module de séchage utilise les deux premières années, seront ajoutes trois modules supplémentaires, un chaque année suivante. La première année sera en fait une phase d'apprentissage des circuits d'approvisionnement, de mise en place d'une démarche de certification, d'acquisition de nouveaux savoir-faire et de prospection de clientèle européenne a l'aide de produits tests. La production des autres produits séchés évolueront proportionnellement au nombre de modules de séchage mis en place, soit de 30 a 120 T pour l'oignon, de 1,5 a 6 T pour le bissap et de 3 a 12 T pour le gombo en poudre. En fonction des profils des opérateurs rencontres, trois principaux scénarios de mise en oeuvre ont été développés dans l'analyse économique et financière : une activité limitée au séchage des fruits et légumes (UPS) ou des activités complémentaires de conditionnement de mangue pour l'exportation et de séchage de fruits et légumes, soit sur site à créer (UPS-MF) soit sur site en location (UPS-MF-AS). Les investissements, étalés sur 5 ans, s'élèvent a : 486 millions de FCFA pour le scenario UPS ; a 572 millions de FCFA pour le scenario UPS-MF et enfin a 308 millions de FCFA pour le scenario UPS-MF-AS. L'évolution des ventes sur les trois scénarios révèle que seuls les scénarios UPS-MF et UPS-MF-AS, qui se diversifient dans la mangue fraiche a l'exportation, peuvent bénéficier du régime de la zone franche du code des investissements. La structure des couts de production fait apparaitre sur tous les produits trois postes importants de charge : la matière première agricole, l'emballage, et enfin l'énergie. Les conditions d'approvisionnement en fruits ou légumes et en emballage seront donc très déterminantes sur le niveau des marges. L'analyse des couts opératoires variables révèle une marge faible sur la mangue séchée conventionnelle (non biologique), voire très faible pour le conditionnement en 5 kg. Quoique ce produit ne présente qu'un faible intérêt économique, il est recommande de le maintenir dans la gamme des produits en première année d'activité ; période au cours de laquelle l'entreprise accomplira les démarches de certification bio pour se spécialiser dans la mangue séchée biologique a partir de la deuxième année. Les taux de marge sur l'ensemble de tous les autres produits sont satisfaisants : de plus de 45 % sur l'ensemble des ateliers jusqu'à 86 % pour la prestation de conditionnement. L'analyse des principaux indicateurs de rentabilité de projet met en évidence que le scenario d'investissement UPS-MF-AS est le plus performant : avec des résultats avant impôts positifs des la troisième année, les pertes enregistrées en années 1 et 2 sont entièrement absorbées en année 4. Le taux de rentabilité interne sur fonds propres (14,3 %) est pratiquement égal au taux d'intérêt sur les crédits d'investissement. Avec presque le double d'investissement, la rentabilité du scenario UPS-MF est réduite tandis que par ses investissements encore lourds, le scenario UPS, prive d'une activité rémunératrice d'exportation en frais, n'est pas rentable. Ainsi, des investissements importants dans les constructions (bâtiments) peuvent compromettre la viabilité du projet à court terme. La rentabilité des projets est toutefois nettement améliorée si le rendement matière de l'unité de transformation augmente de 1/15 à 1/10 ou si le prix d'achat de la mangue entrée usine diminue de 32,5 %. Ces deux hypothèses peuvent alors constituer des objectifs de production permettant d'augmenter progressivement la rentabilité du projet au cours de son développement. La viabilité du projet séchage tient aussi a la diversification de l'activité des le démarrage en complétant la gamme des produits par les exportations en frais. Une diversification ultérieure avec la fabrication de pulpes voire de nectars de mangue destinées au marche local et sous-régional (pulpe de mangue), ainsi que la valorisation des co-produits et des sous-produits constituent certainement une voie intéressante a explorer pour améliorer la rentabilité du projet.

Classification Agris : Q02 - Traitement et conservation des produits alimentaires
E21 - Agro-industrie
E16 - Économie de la production

Auteurs et affiliations

  • Thémelin André, CIRAD-FORET-BOIS (FRA)
  • Monkam Norbert

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/576941/)

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