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Des innovations à la transition alimentaire : comment penser les conditions et les modalités de leur diffusion ? L'exemple du projet URBAL

Valette Elodie, Lepiller Olivier, Bonomelli Veronica. 2021. Des innovations à la transition alimentaire : comment penser les conditions et les modalités de leur diffusion ? L'exemple du projet URBAL. . Laboratoire CERTOP, Laboratoire LISST, Université Toulouse - Jean Jaurès. Toulouse : Laboratoire CERTOP, Résumé, 3 p. Colloque international Transitions 2021 (T2021), Toulouse, 21 Juin 2021/25 Juin 2021.

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Résumé : Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd'hui dans des aires urbaines et cette part augmentera sensiblement d'ici 2050 pour atteindre les 2/3. Par leurs modes de vie et de consommation, les urbains monopolisent ¾ de l'ensemble des ressources naturelles et sont responsables de 60 à 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Néanmoins, si les villes concentrent les problèmes de durabilité, elles sont aussi des lieux d'innovations et peuvent contribuer à construire des systèmes alimentaires plus durables. Des initiatives portées par le secteur public (Friedmann, 2007; Reynolds, 2009; Mah & Thang, 2013; Laidlaw, 2015), privé (Brand, 2015; Reardon, 2015), ou les consommateurs eux-mêmes (Wertheim- Heck et al., 2014), fleurissent tant dans les villes du Nord que du Sud et proposent de nouvelles façons de nourrir les habitants des villes, dans une perspective de durabilité. Quel est cependant l'impact effectif de ces innovations alimentaires diverses et foisonnantes sur la durabilité des systèmes alimentaires4 ? Répondre à cette question est crucial pour penser leur contribution à la transition alimentaire et accompagner les prises de décision politique. De nombreux projets de recherche et de recherche-action s'en sont saisis depuis quelques années, proposant pour beaucoup d'entre eux des méthodologies d'évaluation basées sur la constitution et le renseignement de sets d'indicateurs quantitatifs (Singh et al., 2012). Dans ce contexte et dans l'objectif de permettre aux porteurs de projet et aux politiques de publiques de disposer d'un outil léger, peu coûteux, facilement appropriable et utilisable, le projet URBAL (2018-2020) conçoit et teste une méthodologie participative, destinée en particulier aux porteurs de projet publics et privés, permettant d'identifier les chemins d'impact de ces innovations sur les différentes dimensions de la durabilité (Valette et al., 2019). Cette évaluation qualitative permet un regard réflexif et informé sur les changements – attendus, inattendus, positifs ou négatifs - opérés par l'innovation, les verrous organisationnels et institutionnels au changement, les synergies, les compromis. Fondée principalement sur un atelier d'intelligence collective où sont identifiés, à court, moyen et long terme, les changements produits par les actions menées par l'innovation, cette méthodologie s'inspire de la théorie du changement (Mayne, 2011) et des démarches de l'impact pathway assessment (McLaughlin & Jordan, 2015). L'objectif d'URBAL est bien de caractériser les processus qui mènent une innovation à produire des changements, plus que de mesurer à proprement parler son impact. La méthodologie permet ainsi d'accompagner la réflexion stratégique des innovateurs et d'assister les acteurs publics dans la prise de décision concernant l'accompagnement (ou non) des innovations, dans une perspective de changement d'échelle. Au-delà de la caractérisation de l'impact, c'est-à-dire du potentiel de transformation de ces innovations, plusieurs questions se posent en effet quant aux modalités de leur diffusion. La capacité d'initiatives singulières à contribuer à la transformation des systèmes alimentaires est faible si elles ne sont pas susceptibles d'être répliquées, imitées, amplifiées, soutenues, diffusées. Quelles sont les modalités de la diffusion de ces initiatives dans la transformation nécessaire et attendue des systèmes alimentaires ? Comment comprendre et accompagner ces différentes opérations de diffusion, ou de scaling ? Une réflexion sur les différentes formes de diffusion s'impose avant tout. La " mise à l'échelle " des innovations pour faire advenir des changements à plus grand échelle implique un processus plus complexe et plus diversifié que la simple diffusion d'un produit, d'une idée, d'un modèle. Il est ainsi intéressant de considérer le processus de diffusion de ces innovations sociales selon plusieurs dimensions, au-delà de la simple multiplication des bonnes pratiques. Trois types de processus sont distingués par Riddell and Moore (2015). Le scaling out, mécanisme de diffusion horizontale, désigne la duplication de l'innovation dans d'autres contextes. Les organisations visent à toucher davantage de personnes et à couvrir des territoires plus larges, concentrant leurs efforts dans des processus de réplication ou de dissémination (Westley and Chair 2011). Le scaling up qui nous intéresse particulièrement ici renvoie à une diffusion verticale, les acteurs publics pouvant contribuer à la diffusion ou à la généralisation de l'innovation par une action directe ou indirecte. Le scaling deep évoque un partage croissant des normes et valeurs portées par l'innovation par des communautés différentes. Il ne s'agit ainsi pas seulement d'essaimer, de multiplier les innovations, de les répliquer, en comptant sur la force et l'énergie des innovateurs et des porteurs de projet, mais bien de permettre la mise à l'agenda du problème par les politiques publiques, qui sont à même de faciliter et de créer les conditions de son traitement, tout en amorçant un changement en profondeur des valeurs et des pratiques. Pour exemple, comment penser les dynamiques " zero déchet " et leur contribution à la durabilité ? S'agit-il de multiplier les épiceries vrac ou zero dechet ou de faire changer les mentalités vis-à-vis des déchets ? Ou bien encore s'agit-il de mettre en place des politiques de gestion des déchets, c'est-à-dire de traiter le problème du suremballage, de rétablir les consignes pour les contenants en verre, etc. ? La solution est probablement dans une réponse multiple mobilisant chacune des dimensions évoquées ci-dessus. Cette communication propose d'illustrer cette question à partir de différents cas d'étude étudiés par le projet URBAL à Montpellier (un supermarché coopératif, et la politique municipale de restauration scolaire), Paris (une épicerie-restaurant recrutant des femmes en situation de précarité), et Hanoi (la mise en place d'applications en ligne pour l'achat de produits de qualité). Il s'agira de penser le lien entre innovations et transition alimentaire en termes de modalités et conditions de diffusion, en insistant notamment sur le rôle des politiques publiques. Elle abordera en particulier l'intérêt d'une articulation des trois formes de scaling évoquées ci-dessus, sous la forme d'une diffusion qui pense leur complémentarité à l'échelle territoriale (scaling here). Elle s'appuiera pour cela sur deux types de résultats issus du projet URBAL. En premier lieu, nous utiliserons les cartographies d'impact produites dans le cadre des ateliers participatifs (phase 2 d'URBAL) : celles-ci, outre qu'elles participent à déplier le lien entre actions mises en oeuvre et changements vers la durabilité, permettent également une identification d'éléments facilitateurs ou de verrous au changement portés par l'innovation. Ces informations sont précieuses dans la perspective d'être utilisées pour le changement d'échelle. En second lieu, nous nous appuierons sur les résultats issus de la phase 3 d'URBAL. Cette étape est une opportunité de dépasser la simple évaluation de l'impact d'une innovation isolée pour s'interroger collectivement sur la possibilité d'un impact plus large sur la durabilité des systèmes alimentaires. Elle prend généralement la forme d'une réunion publique, dont l'audience dépasse le cercle restreint des porteurs de projet concernés par l'innovation, au cours de laquelle est traitée de façon centrale la question suivante : comment accroître, partager notre action ? Comment contribuer à la transformation des systèmes alimentaires ? L'appropriation d'URBAL par les porteurs d'innovations témoigne d'un puissant besoin de partage d'expérience, que ce soit pour s'inspirer d'autres innovations ou favoriser leur émergence ailleurs. A partir de ce que les porteurs d'innovations ont souhaité faire de la phase 3 d'URBAL, nous analyserons ainsi également les formes prises par le partage volontaire d'expériences et leur rôle dans l'organisation des alternatives, y compris la mobilisation des politiques publiques.

Mots-clés libres : Innovations, Scaling up, Diffusion, Alimentation durable, URBAL

Auteurs et affiliations

Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/598631/)

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