Ambagna Jean Joël. 2018. L'utilisation des enquêtes de conditions de vie des ménages pour l'analyse de la consommation alimentaire et de la sous-alimentation : illustrations sur les données camerounaises. Montpellier : Montpellier SupAgro, 181 p. Thèse de doctorat : Sciences économiques : Montpellier SupAgro
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Encadrement : Dury, Sandrine
Résumé : L'amélioration de l'alimentation des populations est au coeur des politiques de sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau global et des pays. Cette volonté est traduite dans l'objectif de développement durable visant à éradiquer la faim d'ici à 2030. Pour y arriver, deux prérequis sont nécessaires : estimer précisément ce que les gens mangent et identifier les personnes en difficulté. C'est dans cette optique que les enquêtes de conditions de vie des ménages (" Living Standards Measurement Study (LSMS) ") sont de plus en plus utilisées mais aussi questionnées quant à leur fiabilité et leur précision pour l'analyse de la consommation alimentaire. Les enquêtes LSMS ont un certain nombre d'avantages dont celui d'être représentatives au niveau national et régional. En théorie, elles permettent de désagréger l'information sur l'alimentation des ménages et d'identifier les caractéristiques de ceux en difficulté pour satisfaire leurs besoins alimentaires. En pratique, ces enquêtes étant réalisées avec une logique économique de mesure de la pauvreté monétaire et d'analyse du budget des ménages, elles recensent la valeur monétaire des consommations des ménages et non pas les quantités de produits consommés, nécessaires à une analyse nutritionnelle de la consommation alimentaire. Le passage des valeurs monétaires aux quantités pose un certain nombre de problèmes méthodologiques que nous avons traités sur deux enquêtes camerounaises (ECAM) en présentant des solutions innovantes dans les trois premiers chapitres. Nous testons et proposons une méthode basée sur les valeurs unitaires pour passer des unités de mesure locales aux unités standards (grammes). De même nous discutons et proposons une méthodologie pour identifier et traiter les valeurs aberrantes ou extrêmes. Le quatrième chapitre décrit la structure de la consommation et montre que les régimes alimentaires sont encore dominés par les produits amylacés, et que les produits animaux ou transformés y ont une faible place. Il existe peu de signes d'une transition alimentaire à l'exception de la consommation en huiles qui est sensiblement plus importante chez les ménages non-pauvres ou urbains. Enfin, le dernier chapitre propose une comparaison de l'estimation de la prévalence de la sous-alimentation selon la méthode de la FAO basée sur les bilans alimentaires et selon notre méthodologie à partir des enquêtes ECAM. Selon l'approche FAO, respectivement 26% et 17% de la population camerounaise était sous-alimentée en 2001 et 2007, contre respectivement 38% et 24% selon notre approche. Les deux méthodes montrent une tendance à la baisse de la sous-alimentation, mais dont l'ampleur diffère. Nos estimations à partir d'ECAM mettent en évidence une baisse plus importante de la sous-alimentation qui s'explique par une hétérogénéité croissante de la consommation alimentaire entre les ménages. Ainsi, les catégories de la population camerounaise les plus touchées par la sous-alimentation vivent dans les régions du nord, de l'extrême-nord, l'Adamaoua et de l'Est. Leur alimentation est basée sur les céréales. Ce sont aussi les populations pauvres, vivant en grande partie en milieu rural. Pour que les LSMS soient réellement pertinentes pour l'analyse de la consommation alimentaire et de la sous-alimentation, les méthodes de collecte devraient mieux rendre compte des quantités des acquisitions alimentaires des ménages en unités standards. Les méthodes de correction des erreurs utilisées pour les analyses, qui ont un impact sur les estimations de la consommation alimentaire et de la sous-alimentation devraient être détaillées. En ce qui concerne l'estimation de la sous-alimentation, réconcilier les deux approches (LSMS et FAO) est une piste à privilégier.
Résumé (autre langue) : Improving people's diets is at the heart of food security and nutrition policies at country and global levels. Governments' commitments to this goal are expressed in the Sustainable Development Goal of ending hunger by 2030. In order to achieve it, two prerequisites are necessary: to be able to estimate precisely what people eat and to identify people in need. For this purpose, Living Standards Measurement Study (LSMS) are increasingly investigated as to their reliability and accuracy for the analysis of food consumption. These surveys have a number of advantages, including being representative at national and regional level. In theory, they allow for disaggregation of information on household food consumption and for identifying the characteristics of those unable to meet their food needs. In practice, since these surveys are conducted for assessing monetary poverty and analyzing household budgets, they collect the monetary value of household consumption but not quantities of foods consumed, which are necessary for nutritional analysis. The transition from monetary values to quantities presents a number of methodological challenges that we have dealt with using two Cameroonian surveys (ECAM). We test and propose a conversion method in standardized units (grams) of the value of food acquisitions reported in local measurement units. We also propose a method to deal with outliers. We present the results of this analysis in the first three chapters. The fourth chapter presents the assessment of the structure of household food consumption and shows that diets are still dominated by starchy foods while the importance of animal or processed foods is limited. There are few signs of a food transition, with the exception of the consumption of fats and oils which is significantly higher in non-poor or urban households. Finally, the last chapter compares the estimate of the prevalence of undernourishment (PoU) computed according to the FAO method using food balance sheets to our methodology based on ECAM surveys. Our findings based on ECAM show that 38% and 24% of the population were undernourished in 2001 and 2007 respectively. FAO estimates for the same years were 26% and 17% respectively. We observe that the ECAM based analysis and the FAO approach both show a downward trend in the PoU that nevertheless differs in magnitude. ECAM results reveal a more important decrease, explained by a growing heterogeneity of household food consumption. Undernourished households live in the north, far north, adamawa and east regions. Their diets are based on cereals. They are poor and they live in rural area. For LSMS to be relevant for the analysis of food consumption and undernourishment, data collection methods should collect quantities of food acquisitions in standard units. Since methods to deal with outliers have an impact on estimates of food consumption and undernourishment, they need to be explicitly described. It is crucial to reconcile FAO and LSMS approaches for estimating the prevalence of undernourishment.
Mots-clés Agrovoc : sécurité alimentaire des ménages, niveau de vie, Enquête nutritionnelle, consommation alimentaire, consommation des ménages, sous-alimentation, malnutrition, enquêtes auprès des ménages
Mots-clés géographiques Agrovoc : Cameroun
Classification Agris : S30 - Régimes alimentaires et maladies nutritionnelles
S40 - Programmes alimentaires
E10 - Économie et politique agricoles
Auteurs et affiliations
- Ambagna Jean Joël, CIRAD-ES-UMR MOISA (FRA)
Source : Cirad-Agritrop (https://agritrop.cirad.fr/596571/)
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